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Koko-di Koko-da (2019)
de Johannes Nyholm
publié le mercredi 13 novembre 2019

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°396-397, octobre 2019

Sélection du Sundance Festival 2019

Sortie le mercredi 13 novembre 2019


 


En s’inspirant d’une comptine française (apparemment plus connue en Suède et au Danemark qu’ici) qui raconte l’histoire d’un coq qui ne chante plus parce qu’il a été tué, Johannes Nyholm a construit un film étrange, basé sur la répétition et l’envoûtement.


 

Il rend hommage, peut-être involontairement, à L’Heure du loup, ce film également étrange que son compatriote Bergman avait réalisé en 1968.
Comme ce dernier, Koko-di Koko-da est structuré comme un rêve, ou plutôt comme un cauchemar, dans lequel un couple va être confronté à diverses expériences horribles lors de séances de camping dans une nature hostile.


 

Ils sont ainsi attaqués par un trio d’humains sinistres, par un chien et un chat blanc sortis du décor d’une vieille boîte à musique trouvée par une petite fille lors d’une balade qui vire au tragique. L’angoisse ici ne naît pas seulement de la situation, mais de la répétition qui, comme dans les pires cauchemars, enferme le rêveur - et le spectateur - dans des situations en boucle, qui le laissent au matin meurtri et angoissé.


 

Bien avant The Giant (2016), qui l’a fait connaître, Johannes Nyholm a commencé à préparer ce film dès 2011, avec une équipe restreinte.
Comme The Giant, Koko-di Koko-da propose une sorte de radiographie de la société danoise, mais pas seulement. Il y a dans la structure narrative quelque chose de tellement personnel qu’on n’a pas de mal à croire le réalisateur lorsqu’il avoue que le film vient d’un rêve récurrent. "J’ai écrit le scénario, entre conscience et sommeil, au milieu de la nuit. Je faisais du camping, la voiture se trouvait à côté de la tente et j’ai vu le film se dérouler sous mes yeux. Les rêves ont une structure dramaturgique bien plus intéressante que celle qu’on vous enseigne dans les écoles de cinéma."


 

Cet emprunt au rêve est très intéressant, à un moment où le cinéma aurait tendance à s’uniformiser, se standardiser et s’affadir. La structure narrative circulaire du film fonctionne comme la comptine censée endormir les enfants, et qui, au contraire, les envoûte et les angoisse en leur proposant un monde labyrinthique d’où les espoirs et les lumières sont absents, comme si les personnages ne pouvaient échapper à leur destin. Du coup, ce rêve surréaliste conduit à la tragédie et au fatum.
Présenté cette année à L’Étrange Festival de Paris, ce film devrait remporter au moins le prix de l’angoisse.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°396-397, octobre 2019


Koko-di Koko-da. Réal, sc, mont : Johannes Nyholm ; ph : Tobias Hölem-Flyckt & Johan Lundborg ; mu : Olof Cornéer, Simon Ohlsson. Int : Peter Britt, Leif Edlund, Yiva Gallon, Katarina Kakobson (Suède-Danemark, 2019, 86 mn).



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