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Little Joe (2019)
de Jessica Hausner
publié le mercredi 13 novembre 2019

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n°395, été 2019

Sélection officielle en compétition au Festival de Cannes 2019

Sortie le mercredi 13 novembre 2019


 


Little Joe (une allusion à Joe Dallessandro, tel qu’il est apostrophé dans Walk on the Wild Side de Lou Reed), est le premier film britannique de la réalisatrice.
C’est une superproduction de belle facture, la cinéaste ayant conservé son équipe : la scénariste Géraldine Bajard (qui assurait la dramaturgie dans L’Amour fou), son chef-op Martin Gschlacht, sa monteuse Karina Ressler et Tanja sa jeune sœur costumière.
Les ingrédients restent identiques, même si l’on passe de la Prusse de La Marquise d’O (1976) ou de la Vienne de Mademoiselle Paradis (2018) à l’univers clinique des Cronenberg père et fils.


 

Qu’est-ce qui ne fonctionne pas dans Little Joe, alors que nous avions qualifié son précédent Amour fou, de Augengenweide (délices pour les oreilles et pour les yeux) ?
Le thème, d’abord, dispersé, trop tendance : Madame, forcément sans mari, avec fiston, un job qu’elle adore et l’indispensable shrink, elle aussi forcément une femme.


 

Nous ne reprochons pas à Little Joe son aspect impeccable, mais la trivialité de ses leitmotive (carrière ou enfants, faut-il choisir ?) et surtout le caractère bavard des dialogues, alors que dans Amour fou, la diction des textes de Kleist était un atout remarquable.

Le lien avec le romantisme allemand demeure, puisqu’il s’agit de la quête de la "fleur azur", le lotus bleu des théosophes, comme dans le roman de Novalis, Heinrich von Öfterdingen (1802). Sauf que dans le laboratoire immaculé, la fleur est rouge et élevée en série.


 


 

Sauvons quelques moments où, imperceptiblement, on glisse vers la SF et l’extraordinaire musique : des pièces de Teiji Ito, le second mari de Maya Deren à laquelle la cinéaste rend ainsi hommage, indirectement. C’est dommage.


 

Sauf pour Emily Beecham qui n’a qu’une expression, celle de la career woman sainte-Nitouche : renfrognée. Elle a dû être la première éberluée d’obtenir le Prix d’interprétation féminine.

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n°395, été 2019


Little Joe. Réal, sc : Jessica Hausner ; sc : Géraldine Bajard ; ph : Martin Gschlacht ; mont : Karina Ressler ; mu : Teiji Ito ; int : Emily Beecham, Ben Whishaw, Kerry Fox, Kit Connor, David Wilmo. (Autriche-Allemage-Grande-Bretagne, 2019, 105 mn).



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