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Trains étroitement surveillés (1966)
de Jiri Menzel
publié le mercredi 17 avril 2024

par Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection officielle hors compétition au Festival de Cannes 1967
Oscar 1968 du meilleur film étranger

Sorties les mercredis 22 novembre 1967, 12 novembre 2014 et 23 février 2022


 


Trains étroitement surveillés (1966) est le premier long métrage de Jiri Menzel, et c’est un coup de maître. En complément de son succès international, il décroche l’Oscar du meilleur film étranger, juste un an après Jan Kadar & Elmer Klos pour Le Miroir aux alouettes, double consécration pour le cinéma tchèque. (1)


 

Jiri Menzel a su transcrire très exactement l’univers particulier de Bohumil Hrabal, à la fois comique, grinçant et dramatique. (2) Le film est, en réalité, un drame, drame d’amour et de mort qui se termine tragiquement.
Mais avant l’épilogue, Jiri Menzel aura donné une tonalité comique à la peinture de tout le petit monde qui peuple la minuscule gare du village de Bohême où se croisent trains de civils et trains de soldats allemands (nous sommes en 1944).


 


 

Plus que le dénouement, ce sont les portraits qui demeurent, des portraits pleins d’un humour un peu gris.
D’abord, le jeune héros, qui, sous son bel uniforme tout neuf d’assistant sous-chef de gare, découvre les tourments d’une sexualité adolescente et les difficultés pour assurer l’acte qui le transformera en adulte.


 


 

Et puis, il y a tous les autres : le sous-chef, obsédé par les femmes qui traversent le paysage et qui crève les canapés sous lui ; le chef, amoureux de ses pigeons et qui rêve de devenir inspecteur ; le responsable nazi, enfin, qui vient prêcher régulièrement l’engagement pour l’Europe nouvelle.


 


 

Tous croqués, avec une patte digne de Bohumil Hrabal, dans leur petitesse et leurs gentils ridicules, mais capables de faire sauter si nécessaire un train de munitions.
La bureaucratie y est dénoncée, mais de façon mouchetée, et le renvoi du récit à l’Occupation allemande démine tout problème avec la censure.
Ce qui ne sera pas toujours le cas.

Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe (mercredi 12 novembre 2014)

1. Trains étroitement surveillés  : Oscar du meilleur film étranger aux Oscars 1968 ; Grand prix du Festival international du film de Mannheim-Heidelberg en 1966. Cf. aussi Entretien avec Jean Delmas Jeune Cinéma n°26, novembre-décembre 1967
Le Miroir aux alouettes (Obchod na korze) de Ján Kadár & Elmar Klos (1965), Oscar du meilleur film étranger aux Oscars 1966.

2. Bohumil, Hrabal, Ostře sledované vlaky, Prague, československý spisovatel, 1964. Trains étroitement surveillés, traduction de François Kérel, Paris, Galimard, 1984.

* En hommage à Jiří Menzel (1938-2020), mort le 5 septembre 2020, devait sortir en salles une rétrospective, le 11 novembre 2020, annulée en raison du Confinement II.
En DVD chez Malavida, le coffret est épuisé.
Mais on trouve encore : Trains étroitement surveillés (Oscar Meilleur film étranger 1968), Un été capricieux, Une blonde émoustillante (Mention spéciale à la Mostra de Venise 1981) et Mon cher petit village.


Trains étroitement surveillés (Ostře sledované vlaky). Réal : Jiří Menzel ; sc : J.M. & Bohumil Hrabal, d’après son roman homonyme (1964) ; ph : Jaromír Sofr ; mont : Jirina Lukesová ; mu : Jirí Sust. Int : Václav Neckář, Josef Somr, Vlastimil Brodský, Jitka Bendová, Libuše Havelková, Květa Fialová, Jan Pech (Tchécoslovaquie, 1966, 92 min).



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