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Pahokee. Une jeunesse américaine (2018)
de Ivete Lucas & Patrick Bresnan
publié le mercredi 11 décembre 2019

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°398, décembre 2019

Sélection officielle du Festival de Sundance 2019

Sortie le mercredi 11 décembre 2019


 


Après quatre courts métrages remarqués à Cannes et à Sundance, Ivete Lucas & Patrick Bresnan nous proposent un portrait de l’Amérique à travers une enquête sur le lycée principal de Pahokee, petite ville rurale du sud de la Floride. Pendant presque deux heures, on peut voir des images souvent superbes, mais aussi des portraits, notamment de quatre adolescents, de leurs rêves et de leurs espoirs.


 


 

C’est un très beau documentaire, émouvant et sensible, qui donne en plus une bonne image des mœurs et des idéaux américains, à travers ces jeunes souvent issus de l’immigration, le Mexique et les îles antillaises n’étant pas très loin. On les voit surtout faire du sport, mais aussi figurer dans des concours de beauté ou des élections de représentants scolaires, où la campagne est menée de la même manière que les élections officielles, avec propagande, affiches et pom-pom girls, défilé de chars et groupies en folie. On voit bien que les deux réalisateurs connaissant bien Pahokee et leur film renvoie à Monrovia, Indiana, le dernier film de Frederick Wiseman. (1)


 

La famille de Patrick Bresnan vit dans le comté de Palm Beach en Floride depuis vingt ans et il est photographe, ce qui transparaît parfaitement dans les cadrages du film. Quant à Ivete Lucas, elle a grandi au Mexique et s’est installée en 2009 aux USA pour y étudier le cinéma à l’université du Texas, où elle a rencontré le coréalisateur qu’elle a épousé en 2012. Patrick Bresnan a alors commencé à photographier leur histoire, leur environnement et les marques culturelles de l’État. Dans un premier temps, il a photographié le bal de promo du lycée de Pahokee en 2014, il en a tiré un livre, distribué aux élèves et à leurs familles.


 

Ensuite, le désir du couple était de montrer à travers le film les mutations culturelles de ce petit monde qui vit surtout de l’agriculture. La ville et le comté en ont été transformés, si bien qu’il a fallu tenter de protéger ces Everglades de la pollution chimique due à l’agriculture intensive, tout en développant la lutte pour préserver la faune et la flore.


 

Le rêve américain survit encore dans l’imaginaire des quatre élèves filmés ; on remarque qu’il est entaché du désir de réussite et de glamour, particulier aux États-Unis, mais aussi qu’il fonctionne comme un ascenseur social, notamment à travers le portrait de la jeune Mexicaine dont les parents vendent des tacos dans leur petite roulotte pour lui permettre de faire des études et de réussir selon le modèle américain.


 


 

L’apothéose de ces jeunes courageux et ardents est dévoilée par le finale du film qui, sans commentaires, capte l’émotion du rite initiatique de la traditionnelle remise des diplômes, avec faluches, fanfares et grands discours. Contrairement aux pays européens qui, à l’exception du Royaume-Uni, l’ont abandonné depuis longtemps, ce cérémonial, hérité du Moyen Âge par le biais des premiers colons persiste. On sourit de cette survivance, mais elle représente toujours un élément puissant de cohésion sociale, culturelle et ethnique du pays.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°398, décembre 2019

1. Monrovia, Indiana de Frederick Wiseman (2018), Sélection officielle de la Mostra de Venise 2018.


Pahokee. Une jeunesse américaine (Pahokee). Réal, sc : Ivete Lucas & Patrick Bresnan ; mont : Ivete Lucas (USA, 2018, 112 mn). Documentaire.



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