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Cité rêvée (la) (2019)
de Bastien Simon
publié le mercredi 22 juillet 2020

par Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie en e.cinéma géolocalisé le mercredi 1er avril 2020*
Sortie le mercredi 22 juillet 2020


 


C’est l’histoire d’une friche, une friche pas comme les autres.
On pourrait classer ce film parmi les documentaires si, au delà de l’information d’actualité sociologique, politique, et de la révélation du groupe musical Kacecode, (1) ce film ne réveillait, chez les spectateurs, des rêves, des projets enfouis, l’idée qu’il n’est pas besoin de faire taire les autres, de passer à la télé, de changer de gouvernement ou de se projeter dans l’avenir pour cultiver sa liberté.


 

Les friches, ce sont des zones de vie, de culture au sens large, inventifs, éphémères.
Des espaces publics en cours de réaménagement squattés ou confiés par les municipalités à des associations, des créateurs, inspirés ou non d’un projet social.
On a connu les Frigos, la Halle Papin, la Cité Fertile, la Belle de Mai, l’Aérosol, plus spécialisé en graffs… Ça économise des frais de gardiennage et de nettoyage, les occupants sont en général très soigneux et très populaires.


 

Le site des Grands Voisins, (2) c’est l’hôpital Sain-Vincent-de-Paul, désaffecté à partir de 2011, vendu par l’Assistance publique à la Ville de Paris : plus de 3 hectares entre l’Observatoire et le Luxembourg destinés à l’aménagement d’un nouveau quartier. (3)
Transitoirement, en 2015, une mission d’hébergement de sans-abris a été confiée à la respectable association de réinsertion Aurore jusqu’à fin de l’année 2017 (4). La réalisation du projet et la vie de la friche a eu tant de succès que l’expérience a été prolongée en une seconde saison qui a duré 3 ans.


 

Dès le début, Bastien Simon y a installé son bureau par hasard, parmi les 600 résidents et un millier d’artisans, artistes, ou militants associatifs. Des personnages joyeux, dégourdis, en bonne connivence avec des plus empotés, capables de résoudre tout problème pourvu qu’on ne les encombre pas de normes AFNOR. C’est l’association Aurore qui lui a commandé ce long métrage, complétant 12 courts (un par mois) plus didactiques sur le tissage de ce projet.


 

Son film nous laisse deviner une organisation rigoureuse, on ferme à 23h, derrière un foisonnement de cuisines, de spectacles, de décors, d’échanges plus ou moins personnels, de décors. Il nous montre ce carrefour d’itinéraires personnels, et la genèse de ce groupe Kacecode qui mérite une vraie reconnaissance. On trouve dans ce film la vitalité des non-résignés, de ceux qui savent assurer une interface entre des structures, des institutions, et des énergies qui ne demandent qu’à entrer en résonnance. On se marre. Ca donne des idées.


 

Les Grands Voisins ont obtenu un sursis, jusqu’en juin 2020, deadline, sur un tiers de la surface, un peu plus d’un hectare, sursis prolongé jusqu’à la fin de l’été pour rattraper la morte saison du confinement du printemps 2020 (5).
On espère que Bastien Simon conclura sa saga, et nous montrera aussi ce sursis.
Fermant la porte d’une parenthèse enchantée, il ouvrirait une fenêtre vers des lendemains.

Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma en ligne directe

* Ce dispositif est inédit et diffère de la VOD. L’épidémie de coronavirus et la décision gouvernementale de fermer tous les cinémas ont empêché le film de sortir à la date prévue. La société de production du film, La 25e heure, a donc proposé une sortie en e-cinéma géolocalisé, à heure fixe, ce qui suppose que les spectateurs vivent dans un périmètre géographique défini et possèdent un téléphone portable.

1. Le groupe Kacedoce.

2. Les Grands Voisins, 74 avenue Denfert-Rochereau, 75014 Paris.

3. Le nouveau quartier ouvrira en 2023.

4. L’association Aurore a été créée en 1871 et reconnue d’utilité publique en 1875. Elle est organisée autour de trois missions, hébergement, soin et insertion.

5. Pendant le confinement, Les Grands Voisins ont continué leur action solidaire.


Les Grands Voisins, la cité rêvée. Réal, im, son : Bastien Simon ; mont : Suzanne Van Boxsom ; mu : François Liétout, Les Kacedoce, Rob Miles et les Clefs anglaises (France, 96 mn). Documentaire.



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