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Amour à la ville (l’) (1953)
Film à sketchs
publié le lundi 22 juin 2020

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Six sketchs de Michelangelo Antonioni, Federico Fellini, Alberto Lattuada, Carlo Lizzani, Francesco Maselli & Cesare Zavattini et Dino Risi.

Sorties le vendredi 8 février 1957 et le lundi 22 juin 2020


 


En 1953, le néoréalisme règne encore sur le cinéma italien et les critiques pensent que cela va durer. Il y avait eu les films de Roberto Rossellini et de Vittorio De Sica, mais les temps étaient en train de changer : l’Italie connaît son miracle économique, la vie y devient plus légère.

Cesare Zavattini, promoteur de l’école néoréaliste, a l’idée de ce film à sketchs, sous forme d’une enquête filmée pour un magazine de cinéma imaginaire. Ce sera L’amore in città, six petits films de qualité inégale, mais qui ont le mérite de jouer le jeu de ce néoréalisme un peu moribond, faisant croire que les gens qu’on va croiser pendant ces vrais-faux reportages sont des gens de la rue et non des comédiens. Peut-être la prescience de l’horrible téléréalité actuelle. Pourtant, si ce film sort le jour même où les cinémas rouvrent en France, ce n’est sans doute pas le fait du hasard. Il faut y voir une intention de pédagogie car, dans ces six courts métrages, le spectateur de 2020 va recevoir une leçon de cinéma à l’italienne. (1)


 

Michelangelo Antonioni n’est pas encore celui de L’avventura (1961), mais on découvre déjà, à travers cette fausse enquête sur les tentatives de suicide des amants délaissés se confessant devant un drap blanc, les prémices de son cinéma élégant et désespéré.


 

Dino Risi aiguise son sens de l’observation et du ridicule en filmant dans un bal des couples improbables qui se font et se défont, le temps d’une danse, préfigurant le paroxysme des Monstres (1963).


 

Alberto Lattuada, quant à lui, est déjà un cinéaste confirmé, qui avait choisi Fellini pour coréaliser Les Feux du music-hall (1950). On observe son sens du comique et de l’élégance à travers cette pochade qui nous montre les Italiens reluquant de très belles femmes dans la rue. Notons que ce film serait aujourd’hui fort mal considéré (comme Le Propre de l’homme, le premier film de Lelouch de 1960).


 

Quant à Federico Fellini, il est sans doute le seul, avec Un’ agenzia matrimoniale, à avoir respecté pleinement la proposition de Zavattini, à savoir créer une fiction qui se veut réaliste, voire néoréaliste : il a construit un faux documentaire sur un jeune homme qui se rend dans une agence matrimoniale pour y trouver la future femme d’un ami lycanthrope. C’est un très beau court métrage qui annonce déjà le signataire stylé et mélancolique des grandes œuvres, de Satyricon (1969) à Intervista (1987).


 

Tout dans cet assemblage de sketchs est passionnant, même si le prétexte est un peu tiré par les cheveux. Mais on observera la classe folle des femmes et de leurs tenues, l’élégance des hommes et le côté dolce vita insouciante, célébration d’une époque hélas disparue. On admirera la beauté de l’image en noir & blanc de Gianni Di Venanzo, futur chef-opérateur de grands films qui suivront, du Pigeon (1958) à Huit et demi (1963), entre dix autres.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

1. À sa sortie en France, en 1957, le sketch de Carlo Lizzani, L’amore che si paga, sur la prostitution à Rome, a été censuré.

* En DVD.


L’Amour à la ville (Amore in città). Six sketchs : Tentative de suicide (Tentato suicidio) de Michelangelo Antonioni  ; Une agence matrimoniale (Un’ agenza matrimoniale) de Federico Fellini  ; Les Italiens se retournent (Gli Italiani si voltano) de Alberto Lattuada ; L’Histoire de Catherine (Storia di Caterina) de Francesco Maselli & Cesare Zavattini  ; Le Bal du samedi soir (Paradiso per tre ore) de Dino Risi ; L’Amour qu’on paie ((Amore che si paga) de Carlo Lizzani.



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