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Levergeois, Bertrand (livre)
Pasolini, l’alphabet du refus (2005)
publié le dimanche 7 décembre 2014

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°300-301 décembre 2005.

Bertrand Levergeois, Pasolini, l’alphabet du refus, Éditions Le Félin-Kiron, 2005.


 


Trente ans après sa mort, Pier Paolo Pasolini laisse un vide et de nombreuses interrogations qui ne seront jamais vraiment éclaircies. C’est sans doute pour cela que Bertrand Levergeois a pris sa plus belle plume pour retracer cet "alphabet du refus", et ce n’est pas étonnant de la part d’un humaniste spécialiste de l’Italie de la Renaissance, qui s’est illustré avec des biographies d’hommes hors norme, comme Giordano Bruno et Federico Fellini.

Ce livre, Bertrand Levergeois dit y penser depuis trente ans au moins, depuis ce jour où, après avoir vu Salo, il prit la plume, à cet âge justement que Arthur Rimbaud ne qualifie pas de sérieux, pour l’analyser dans le courrier des lecteurs du Monde.
C’est vrai que le poète assassiné appelle toutes les analyses, toutes les exégèses et cet alphabet du refus a le mérite de se présenter comme un livre qui peut se lire dans tous les sens, ce qui n’aurait sans doute pas déplu à PPP.

On peut le commencer par la fin, puisque l’ouvrage, abondamment illustré de photos peu connues, s’achève sur une bibliographie exhaustive qui servira pour les années à venir aux chercheurs et autres aficionados. Mais surtout le livre nous propose, avant l’index et cette bibliographie parfaite, une biographie simple et complète, justement intitulée "Une vitalité désespérée", dont P.P. Pasolini avait lui-même qualifié sa force vitale.

Et puis, ainsi que l’auteury invite, on peut feuilleter l’abécédaire et lire - et peut-être découvrir - les superbes textes, à la fois poétiques et précis, sur les obsessions pasoliniennes comme le Tiers-Monde, la jeunesse, l’hérésie, l’homosexualité, la France, le fascisme, etc.., tous ces termes qu’on laisse apprécier et dévorer en fonction de ses propres fascinations, sans oublier l’énumération des lieux riches en symbolique pour ce "sémiologue de la réalité", ni les oiseaux, rappelons-nous Uccellaci, uccellini.

Plonger dans cet alphabet, l’épeler ainsi que Bertrand Levergeois y invite, lui qui a si bien traduire Giovanni Pascoli, (1) ce poète auquel P.P. Pasolini lui-même se sentait lié "presque par une fraternité humaine".

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°300-301, décembre 2005

1. Giovanni Pascoli (1855 -1912).
Giovanni Pascoli, Le Petit Enfant, traduction de Bertrand Levergeois, Paris, Michel de Maule éditions, 2004.


Bertrand Levergeois, Pasolini, l’alphabet du refus, Éditions Le Félin-Kiron, coll. Les marches du temps. Paris, 2005, 245 p., ill.



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