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Tijuana Bible (2019)
de Jean-Charles Hue
publié le mercredi 29 juillet 2020

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 29 juilllet 2020


 


Après Mange tes morts (1), tourné en toute empathie avec la communauté yéniche du nord de la France, Jean-Charles Hue passe à un autre continent et à une plus grande échelle de la chose illégale - des petits larcins de voleurs de poule à la violence en bande organisée. Faut-il rappeler que Tijuana, où se situe l’action, aux confins de la Californie et du Mexique, est une des villes les plus dangereuses du monde ?


 

Ce lieu d’échappée et aussi de reflux pour les migrants a depuis longtemps la réputation d’un paradis pour les cartels de la drogue, ce paradis se transformant vite en enfer. Le film nous présente un ancien marine, vétéran de la guerre d’Irak, échoué là, comme les permissionnaires dépeints par Francis Coppola au début de Apocalypse Now, n’ayant comme perspective que la jouissance auprès de prostituées et l’oubli au moyen de drogues dures, l’héroïne étant offerte par les caïds locaux en contrepartie de quelques menus services.


 


 

Dans cet espace de non-droit, notre héros fait la connaissance d’une jeune Mexicaine à la recherche de son frère disparu. Chargé par ses commanditaires de les débarrasser de l’intruse qui risque de troubler leur paisible activité, il s’attache à elle et finira par l’aider dans sa quête.


 


 

Alternant paysages arides et désertiques et scènes de chaos urbain, lumière zénithale et séquences nocturnes, le film, tourné en scope avec des objectifs russes des années 70, est, esthétiquement parlant, magnifique. Retenons le nom du chef opérateur, Jonathan Ricquebourg. On se souviendra ainsi longtemps de la scène d’ouverture comme des plans vertigineux d’autoroutes urbaines.


 


 

Les comédiens principaux, le Britannique Paul Anderson et la Mexicaine Adriana Paz, ont ce qu’il faut de présence et de mystère. Ils rendent crédible cette histoire somme toute improbable sur le thème rebattu de la rédemption.


 

Malgré tout, le saut quantitatif ne nous paraît pas un saut qualitatif. On pourra certes regretter la fantaisie débridée, le lyrisme ininterrompu et la drôlerie irrésistible de Mange tes morts. La violence, ici, est explicite, appuyée, excessive. La musique, un tantinet emphatique, est redondante par rapport à l’image.
En passant du film d’auteur au film de genre, de l’intimisme au spectaculaire, pas sûr que l’auteur ait gagné au change.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

* En 2016, Jean-Charles Hue a réalisé un court métrage sur Tijuana, Tijuana Tales, sélectionné par la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2017.

1. Mange tes morts - Tu ne diras point de Jean-Charles Hue a reçu le Prix Jean-Vigo 2014.


Tijuana Bible. Réal, sc : Jean-Charles Hue ; sc : Axel Guyot ; ph : Jonathan Ricquebourg ; mont : Nathan Delannoy ; mu : Thierry Malet. Int : Paul Anderson, Adriana Paz, Noé Hernandez (France-Mexique, 2019, 105 mn).



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