par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe
Sortie le mercredi 10 décembre 2014
Ce film à quatre mains de Teona et Thierry Grenade (elle est géorgienne et lui français) nous reporte dans les années quatre-vingt-dix du siècle dernier, au moment de l’implosion de l’empire soviétique.
C’est le laps de temps où la Géorgie est redevenue indépendante.
Les cinéastes ont délibérément tourné le dos à la "grande histoire" en concentrant leur propos sur le quotidien d’un quartier de la capitale, Tiflis, d’une famille et de ses voisins.
Et plus particulièrement sur des enfants, puisque ce sont deux frères, l’un âgé de 17 ans et l’autre de 10 ou 12 ans dont nous suivons les faits et gestes. Il n’y a pas de figure de père, et les quelques adultes semblent étrangement dépassés. Pour les enfants, c’est un temps sans école, où toute autorité semble avoir disparu.
Des armes apparaissent, de belles voitures, des trafics louches, autant de phénomènes extraordinaires dans un environnement demeuré identique.
L’aîné des adolescents se rallie à ce nouveau mode de vie avec enthousiasme, comme s’il tenait un premier rôle dans un film américain.
Son frère, au contraire, ne perçoit, dans un premier temps, ni les clameurs, ni les coups de feu : pianiste virtuose, il continue à vivre pour et par la musique, dans une griserie communicative qui en fait le héros de son quartier.
Tourné par petites touches, dans des espaces confinés, préférant le caractère épars, fragmentaire, des souvenirs à un récit linéaire, ce film est une évocation sensible et grave de ce qui fut une bien rude sortie de l’enfance.
Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe (10 décembre 2014)
Notre enfance à Tbilissi. Réal : Teona et Thierry Grenade ; sc : T & T Grenade et David Chubinishvili ; ph : Julie Grünebaum ; mont : Pauline Rebière ; cost : Ketevan Phalavandishvili ; son : Thomas Fourel. Int : Irakli Basti Ramishvili, Zuka Tsirekidze, Natasah Shegelaia, Elena Glurjidze (France-Géorgie, 2014, 99 mn).