home > Films > Femme qui s’est enfuie (la) (2019)
Femme qui s’est enfuie (la) (2019)
de Hong Sang-soo
publié le mercredi 30 septembre 2020

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n°402-403, automne 2020

Sélection officielle de la Berlinale 2020.
Ours d’argent du meilleur réalisateur

Sortie le mercredi 30 septembre 2020


 


L’argument de ce nouveau film qui nous arrive de Corée peut paraître ténu. Une trentenaire, Gam-hee - Kim Min-hee, la muse de Hong Sangsoo - rend visite, successivement, à des connaissances vivant à la périphérie de Séoul. Le film est découpé en trois parties distinctes décrivant ces retrouvailles.


 

L’héroïne, mariée depuis plusieurs années, profite d’un voyage d’affaires de son époux, pour revoir deux de ses amies proches et, le hasard aidant, une rivale lui ayant ravi un ancien fiancé. Ses deux interlocutrices principales continuent de mener une existence de célibataire sans enfant. La première est divorcée et partage une colocation. La seconde est plus indépendante et flirte lorsque l’occasion se présente.


 

Un des thèmes de la conversation est le fait que chacune des deux amies est propriétaire de son appartement. Cette question matérielle revient sur le tapis de façon récurrente. Ces jeunes femmes tiennent la bouteille, échangent des petits riens au cours de leurs agapes, effleurent aussi des questions plus graves comme celle de l’indépendance dans le couple, la solitude, le temps qui passe.


 

Les scènes se répètent à l’identique et ne varient que peu. Les lieux sont d’ailleurs interchangeables, qui plus est, identiquement cadrés et illuminés.
En de longs plans-séquences ponctués de coups de zoom décentrant parfois les sujets, la caméra suit ces visites. Elle se tient la plupart du temps à distance. La séquence qui se déroule au cinéma offre l’occasion à Hong Sangsoo de s’autociter. Les cinéphiles reconnaîtront, dans l’image de la mer projetée sur grand écran et contemplée par la protagoniste, le plan final de son film de 2006, Woman On the Beach.


 

Que ce soit par l’effet de réitération, celui de subtile variation, de redoublement - pour ne pas dire mise en abyme -, le réalisateur nous livre différentes approches de la réalité. Le quotidien dédramatisé est reconstitué à la manière d’un tableau cubiste.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n°402-403, automne 2020


La Femme qui s’est enfuie (Domangchin yeoja). Réal, sc : Hong Sang-soo ; int : Kim Nin-hee, Kwon Hae-hyo, Lee Eun-mi, Song Seon-mi (Corée, 2019, 77 mn).



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts