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Gaby Baby Doll (2014)
de Sophie Letourneur 
publié le mardi 16 décembre 2014

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 17 décembre 2014

Après La Vie au ranch en 2010 et Les Coquillettes en 2013, Sophie Letourneur sort son troisième long métrage Gaby Baby Doll.

Gaby (Lolita Chammah) chasse son amoureux (Félix Moati) mais ne supporte pas la solitude, surtout dans le noir de sa grande maison de campagne.
Non loin de là, il y a un château, mais le châtelain (Benjamin Biolay) a disparu… Voilà une comédie qui débute comme un conte de fées !

Dehors la nature fleure bon l’herbe, le foin et la boue, dedans c’est l’odeur humide des matelas, du feu de cheminée et du Chocapic croqué.
Les dialogues sont relevés et drôles et l’irruption soudaine de cette jeune et belle Gaby dans la morne campagne fait souffler un vent de liberté. Le film est fait pour elle, elle occupe le cadre constamment, littéralement traquée par la caméra.

Cependant, et malgré l’agitation continuelle de Gaby, le film est à la lisière du non-narratif, sans action ou presque ; seule reste en mémoire une perception sensorielle des paysages et des personnes rencontrées.

Ce film s’apparente à un portrait, le portrait sensuel de Gaby-Lolita.
Sophie Letourneur s’intéresse aux visages, fabrique lumière et couleur, s’attarde sur les rares personnages, les cadre en plans fixes devant les murs aux larges aplats de bleu, de vert ou de rouge, tel le rideau du photomaton tiré derrière soi.

Dans les plans d’extérieur, elle exploite et emprunte au pictorialisme des années vingt une image teintée et sensible qui donne un éclairage particulier aux lieux déserts.

Partant d’un scénario somme toute assez simpliste et sans grand intérêt, elle parvient à créer une atmosphère, à dépeindre un caractère et à construire un film dans la durée. La personnalité de Gaby-Lolita rythme le film, son corps sans cesse en mouvement lui donne une scansion, une respiration, autour d’elle peu ou pas d’éléments, peu ou pas de personnages, à part Benjamin Biolay dans sa cabane, qui ne dit mot.
Car le film est aussi fait de silence, silence opaque caractérisant encore un peu plus la présence de Gaby ancrée dans la maudite solitude qu’elle parviendra finalement à apprivoiser.

Sophie Letourneur serait-elle tentée de quitter une certaine forme fictionnelle pour atteindre un cinéma différent ?

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe (16 décembre 2014)

Gaby Baby Doll. Réal, sc : Sophie Letourneur ; sc : Anne-Marie Trividic ; ph : Jeanne Lapoirie ; mont : Jean-Christophe Hym, Michel Klochendler ; mu : Benjamin Biolay, Yongjin Jeong. Int : Lolita Chammah, Benjamin Biolay, Félix Moati, Pascal Joyeux (France, 2014, 88 mn).

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