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Vieille Dame indigne (la) (1965)
de René Allio
publié le vendredi 20 novembre 2020

par Robert Grélier
Jeune Cinéma n°361-362, automne 2014

Grand Prix de la Semaine de la critique au Festival de Cannes 1965

Sorties les mercredi 24 mars 1965, 23 avril 1980 et 9 juillet 2014


 

Pour saluer son cinquantenaire, Jeune Cinéma a posé une question à ses collaborateurs : Quel film des cent dernières années aimeriez-vous sortir de l’ombre ?
Ce film fait partie des hidden gem (re)découverts à cette occasion.


Quand, en 1965, est sortie La Vieille Dame indigne ce fut un choc émotionnel.
Le film raconte le parcours d’une veuve qui a, enfin, la ferme intention de vivre tel qu’elle l’entend, c’est-à-dire de s’acheter une voiture et de fréquenter des amis qu’elle a choisis.
Dans cette nouvelle vie - une seconde naissance - elle n’hésite point à traverser la ville de Marseile en calèche, de s’offrir un cornet de glace ou encore d’aller au cinéma.


 

J’avais retrouvé dans ce personnage le portrait en pied de ma grand-mère maternelle, qui après la mort de son mari, troqua son unique pièce contre un deux-pièces avec l’eau courante. Au décès de mon grand-père, Eugénie - son prénom - à l’inverse de Berthe, ne cessa pas de travailler, poursuivant lavage et repassage. Une vie à "faire des lessives pour les autres", disait-elle.


 


 

Enfant de l’Assistance publique, elle commença de travailler dès l’âge de 14 ans chez les paysans qui l’avaient recueillie et ne s’arrêta qu’à l’âge de 85. Une fois installée dans son deux-pièces sa vie étriquée changea. Tout commença par l’achat de meubles ; puis ce fut l’acquisition d’un poste de radio. Son visage terne jusqu’ici s’éclaircit et elle que je n’avais jamais vu rire, aura des quintes de rire pouvant durer plusieurs minutes.

C’est là que ma grand-mère, sans le savoir, se rapprocha de la nouvelle de Brecht, car elle entrait dans “une seconde vie pour rire”.
Parfois même, comme Madame Berthe elle s’enhardissait à se rendre au cinéma. Elle qui n’avait jamais franchi les limites du département, osa même prendre le train.

Près de cinquante après, quand je revois ce premier long-métrage de René Allio, je ne peux que penser à Eugénie, "copié/collé" de Madame Berthe Bertini.

Robert Grélier
Jeune Cinéma n°361-362, automne 2014

* Cf. aussi Entretien avec René Allio, Jeune Cinéma n°5 de février 1965.

** La Vieille Dame indigne en DVD.


La Vieille Dame indigne. Réal, sc : René Allio ; ph : Denis Clerval ; mont : Sophie Coussein ; déc : Hubert Monloup ; son : Antoine Bonfanti ; mu : Jean Ferrat. Int : Sylvie, Victor Lanoux, Jean Bouise, Malka Ribowska, Étienne Bierry, François Maistre, Pascale de Boysson, Armand Meffre (France, 1965, 94 mn).



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