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Red Rose (2014)
de Sepideh Farsi
publié le mercredi 9 septembre 2015

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°368, automne 2015

Sortie le mercredi 9 septembre 2015


 


Servi par la belle musique envoûtante de Ibrahim Maalouf et la photo magistrale de Pantelis Mantzanas, ce film nous emmène dans le huis clos d’un appartement de Téhéran pendant la révolution de 2009. Dehors, hurle la rue. Dedans, un couple se forme pour mieux se séparer, et c’est cette lutte entre le réel et le rêve que tente de magnifier Sepideh Farsi avec ce cinquième long métrage.


 

Ainsi, au moment où quelques jeunes, traqués par la police du régime qui a truqué les élections, entrent dans l’appartement calme et clean d’un homme seul, la vie de ce dernier va basculer, à la fois dans le désir et l’amour pour une jeune fille qui a la moitié de son âge. Puis dans une certaine forme de lâcheté qui l’entraînera dans le discrédit.


 

Argument en or pour la réalisatrice qui met en parallèle deux générations d’Iraniens : celle qui a connu la fin du règne du shah et l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeiny, et celle qui se veut jeune, libre et qui réfute les élections truquées qui portent au pouvoir Mahmoud Ahmadinejad alors qu’Hossein Moussavi avait été élu à une large majorité. La ville est à feu et à sang, la police tire sur les manifestants, et Sara, interprétée par la belle Mina Kavani, participe aux manifestations, mais finit toujours par se réfugier chez son amant Ali, ce "beau vieux", comme elle l’appelle, interprété par Vassilis Koukalani.
Ali, déçu par toutes les révolutions, ne veut plus rien savoir, ne veut plus participer à quoi que ce soit. Sara, passionnée et révoltée, se donne à fond dans cette guérilla urbaine perdue d’avance, et s’offre ensuite à son amant, comme si le double mouvement de la révolte et de l’érotisme pimentait sa vie.


 


 

Le message du film est cependant assez sibyllin. Ce qu’on pourrait comprendre, in extremis, devant les images d’Ali filmé en direct pour la télévision d’État, c’est qu’il faut s’engager contre toutes les dictatures car elles ne pardonnent jamais rien ni à personne. Toujours le délateur rôde et peut emprunter plusieurs visages.


 

Mais il est aussi évident qu’il est terriblement plus dangereux de s’engager dans une révolution dans des pays comme l’Iran (ou d’autres) que dans nos démocraties fatiguées, où l’on joue parfois à faire semblant de se révolter, avant de se soumettre et de tout accepter. Le film joue parfois de maladresse, insistant trop sur les scènes érotiques, manière de montrer combien la réalisatrice est libérée, surtout lorsqu’on filme en dehors de l’Iran. Pendant ce temps, de grands cinéastes iraniens (entre autres Hossein Moussavi et son épouse Zahra Rahnavard) sont toujours en résidence surveillée ou en exil.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°368, automne 2015


Red Rose. Réal : Sepideh Farsi ; sc : S.F., Javad Djavahery ; ph : Pantelis Mantzanas ; mont : Bonita Papastahi ; mu : Ibrahim Maalouf. Int : Mina Kavani, Vassilis Koukalani, Shabnam Tolouei (France-Grèce-Irlande, 2014, 87 mn).



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