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Mannheim-Heidelberg 2007 II
publié le lundi 22 décembre 2014

Mannheim-Heidelberg, 10-21 octobre 2007, 56e édition

Le palmarès 2007
par Andrée Tournès
Jeune Cinéma n°317-318, été 2008

Voir le programme, les jurys et le palmarès

Blodsband (Mirush) de Marius Holst (Norvège) a obtenu le Grand Prix.

Mirush, un jeune garçon de 15 ans, quitte la maison de sa mère qui vit au Kosovo pour aller à la recherche de son père à Oslo. Il chipe une liasse de billets à sa mère, dort dans les trains et les bus. Lorsqu’il trouve le restaurant tenu par son père, il reste incognito, met de l’ordre, se fait un ami d’un jeune homme qui travaille au restaurant. Le vol d’une Rolex, la vengeance de la maffia qui incrimine le jeune ami de Mirush et lui casse un bras, la découverte par le père d’une vieille photo, et la scène de reconnaissance : tout va très vite, père et fils se retrouvent, mais pour peu de temps. Le père s’enfuit avec sa nouvelle femme, Mirush dit adieu à l’ami blessé et une belle image finale montre sa mère tout heureuse de retrouver son fils.
Un beau passage de l’enfance à la jeunesse, une indépendance têtue, tout le film repose sur le jeu du jeune acteur Nazif Nuaremmi.

Estrelitta - Pesem za domov de Metod Pevec (Slovénie) repose sur un thème classique : un enfant pauvre devient un virtuose du violon.
Ça commence par l’enterrement d’un grand artiste. Dora, sa veuve (Silva Cusin, Prix d’interprétation) remarque un enfant qui pleure. Le lendemain, l’enfant, Amir, demande à Dora de revoir encore une fois le violon et lui révèle qu’il jouait avec son mari dans un bar de quartier. On suit l’intervention de Dora ; elle découvre le talent exceptionnel du garçon, issu d’une famille pauvre, lui paie des leçons et lui donne le violon. Intervient alors le fils de Dora, pour qui le violon est à vendre et qui fait chanter la famille d’Amir. Comme dans la plupart des films présentés au festival, intervient un thème récurrent : la vie des minorités pauvres acculées à la prostitution et à la délinquance. La fin est heureuse : Amir passe un concours avec une camarade musicienne. Il a retrouvé son âge et son art.

Por sus propios ojos de Liliana Paolinelli (Argentine) a décroché une mention spécial pour l’interprétation d’Ana Carabajal, dans le rôle d’une étudiante en cinéma, qui pour son diplôme de fin d’études, fait une enquête sur les familles de prisonniers. Alicia, aidée d’une amie à la caméra, fait connaissance d’une mère de prisonnier, Elsa, qui accepte de témoigner, mais refuse de se laisser filmer.
Il s’agit donc d’un film de fiction camouflé en documentaire. Le parcours devient dramatique quand Elsa accepte de témoigner à condition que la cinéaste aille visiter son fils dans sa prison. On suit le parcours honteux et dégradant imposé aux visiteurs : attente prolongée, mise à nu, attouchements.
Alicia écoute le jeune prisonnier, et subitement se retrouve dans ses bras : une histoire d’amour est née. Un film très riche qui documente à travers la fiction le délabrement des prisons.

Cover boy…(L’ultima rivoluzione) de Carmine Amoroso (Italie). (Prix du Jury œucuménique et Mention spéciale des exploitants).
En préambule, une image terrible et sèche : un enfant, lors de la révolution roumaine, voit son père assassiné.
Vingt ans plus tard, dans une Roumanie dévastée, Joan et son camarade décident d’émigrer vers l’Italie. Une histoire d’amitié, la découverte de l’homosexualité, la tentation de la vie riche et douteuse. Joan débarque à Rome tout seul - son copain s’est fait arrêter à la frontière -, dort sur les bancs et cherche à travailler. La rencontre avec Michele, qui nettoie de nuit la gare, devient une amitié forte. Une photographe de mode séduite par la beauté de Joan lui propose de l’emmener à Milan, histoire de poser nu pour sa revue. Michele, toujours aussi démuni, essaie de vendre des petites médailles du pape. Un souvenir de son père mourant à Bucarest fait honte à Joan ; il rejoint son copain Michele, et prend en charge son homosexualité.

Les films pour enfants

Des films pour enfants étaient projetés chaque matin aux écoliers de la ville.

Les deux meilleurs traitent de thèmes sérieux.

Marta und der Fliegende Grossvater, un film allemand de Christian Schwochow, décrit le rapport d’une petite fille de 9 ans à son grand-père Janosch, pendant les vacances. Très vite, Marta s’aperçoit que le vieil homme est surveillé par un trio sévère : un docteur, une grosse infirmière, une vieille servante. Elle comprend que son grand-père a des oublis et perd souvent son chemin. Elle trouve des trucs pour l’aider, suspend partout sur les portes, sur les meubles, dans les toilettes, des petits feuillets fléchés qui l’aide à s’orienter. Une très belle séquence lors d’une promenade dans un bois montre Jonosh, touché par la senteur des arbres, qui retrouve un morceau musical qu’il se met à chanter.

Het paard von Sinterklaas (Un cheval pour Winki), une coproduction belgo-néerlandaise signée Mischa Kamp, se situe en Hollande.
Il a pour héroïne une petite Chinoise dont les parents ont installé un restaurant. Nous la suivons dans ses premiers jours de classe, bien accueillie par les enfants et la maîtresse, dans son parcours matinal où elle découvre un cheval attaché à une barrière qu’elle prend plaisir à caresser, à lui parler en secret à l’oreille.
Un jour son cheval, tombé malade, est resté chez ses propriétaires. Quand s’approche la fête de Noël, les enfants chantent en chœur et chacun désigne le cadeau espéré. Winki, elle, reste silencieuse.
Jusque-là le récit était réaliste. Arrive alors le conte de fées : Santa Klaus ramène Winki chez ses parents où elle retrouve le beau cheval.

Andrée Tournès
Jeune Cinéma n°317-318, été 2008

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