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Whiplash (2013)
de Damien Chazelle 
publié le jeudi 25 décembre 2014

par Bernard Nave
Jeune Cinéma n° 360, été 2014

Grand prix du public Sundance 2014
Sélection Quinzaine des réalisateurs Cannes 2014

Sortie mercredi 24 décembre 2014

Film sur le jazz, film de jazz, jazz film.

Il y a comme ça, des moments magiques où cinéma et musique trouvent la note bleue, celle de l’éblouissement pour le spectateur-auditeur.

Et pourtant, Damien Chazelle, le réalisateur de ce Whiplash (coup de fouet en même temps que le titre d’une pièce créée par Hank Levy) ne nous ménage pas la souffrance du batteur.

Andrew fréquente le Shaffer Conservatory of Music où il ambitionne de devenir le meilleur. Il est pris dans la classe et le groupe dirigés par Terence Fletcher, professeur respecté mais redouté pour son intransigeance et sa rudesse.
Sa pédagogie vient d’un incident qui a marqué la jeunesse de Charlie Parker et sa volonté consiste à ne pas laisser passer la chance de révéler un nouveau génie.

Le film met en scène le véritable corps à corps entre le maître et l’élève, entre Andrew et la batterie.
Le film a été comparé, par le réalisateur lui-même à un Full-Metal Jacket du jazz et il y a un peu de cela, jjusqu’au crane rasé de J.K.Simmons qui interprète magistralement Fletcher.

Damien Chazelle filme ce combat dans une tension extrême, où même les quelques scènes hors de l’école portent la trace des coups subis par Andrew, avec sa copine, avec sa famille. Tension jusqu’à la rupture. Andrew plaque tout.

En errant dans les rues de Manhattan, il passe devant un Black assis sur le trottoir qui tape sur trois seaux en plastique sans s’arrêter.

Mais on sent bien qu’il se produit comme un déclic qui le fait revenir et s’imposer, de force, à son maître lors de l’exécution du Caravan de Duke Ellington.
Moment extraordinaire où Andrew continue de jouer alors que le groupe a terminé et se lance dans une impro qui voit l’ancien maître surmonter sa colère pour venir devant lui et le pousser à se sublimer.

Whiplash est un vrai bonheur qui nous baigne dans la musique, nous fait participer au travail du batteur dans des gros plans magnifiques sur les mains en sang, sur la sueur tombée sur les cymbales.
Et le montage magnifie la musique. On a rarement été aussi bien dans son siège de spectateur à la vision-écoute de ce Whiplash.

Bernard Nave
Jeune Cinéma n° 360, été 2014

Whiplash. Réal, sc : Damien Chazelle ; ph : Sharone Meir ; mont : Tom Cross ; mu : Justin Hurwitz. Int : Miles Teller, J.K.Simmons, Melissa Benoist, Jayson Blair (USA, 2013, 105 mn).

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