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JC n°408-409 - été 2021

publié le samedi 10 juillet 2021

Couverture : Masahiko Tsugawa, Kinuyo Tanaka, Keiko Enami, dans L’Intendant Sansho de Kenji Mizoguchi (1954)

Quatrième de couverture : Bertrand Tavernier au Festival Lumière, en octobre 2018. Photo de Anne Vignaux-Laurent.

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ÉDITO JC n° 408-409, été 2021

 

En quelques semaines, nous avons vu disparaître Jean-Claude Carrière, Bertrand Tavernier et Romain Bouteille.
Les premiers ont été salués avec l’ampleur méritée (Jean-Claude Carrière dans Positif n° 724, juin 2021), le dernier beaucoup moins. Certes, ce n’était pas une personnalité aussi éminente, laissant derrière lui une œuvre considérable. Mais ce fut un personnage-clé, à la croisée des décennies 60 et 70, et sans lui, un certain cinéma français n’aurait pas eu le même visage. Entre le cabaret de la Vieille Grille, où il introduisit Jacques Higelin et Rufus, et le Café de la Gare, où il fit débuter Coluche, Patrick Dewaere et Miou-Miou (inoubliables pour qui les a vus, encore inconnus, dans la salle de la rue d’Odessa), Romain Bouteille fut un catalyseur et un animateur sans égal. Sans Café de la Gare, pas de troupe du Splendid et la suite, que l’on connaît. Le cinéma l’intéressait moins, faute de contact direct avec le public - comme Jacques Higelin, c’était un improvisateur de haute volée - et s’il tourna beaucoup, c’est avec sa famille d’esprit qu’il était le plus à l’aise : Jacques Doillon et L’An 01, Claude Faraldo et Themroc, Sotha et Le Graphique de Boscop. Les fous-rires qu’il nous a offerts valaient bien ce coup de béret furtif, avant que son souvenir ne s’efface.

Quant à Bertrand Tavernier, son décès a éveillé un écho considérable, ce qui était la moindre des choses pour ce Protée, critique-attaché de presse-réalisateur-historien-passeur, on en oublie, toujours disponible pour les bons combats, toujours prêt à découvrir et faire découvrir, demeurant lui-même devant plusieurs milliers de spectateurs ou à une table de café. Jamais on ne l’a surpris en représentation, jouant à l’artiste ou au donneur de leçon. Outre l’importance de ses films, c’est cette proximité qu’il savait établir avec son audience, multiple ou singulière, qui en a fait une figure familière pour le public, grand ou petit - bien peu de réalisateurs français ont atteint ce statut. Plus que l’auteur, très souvent abordé ici depuis 1974, c’est l’ami, qui déjà nous manque, que nous saluons aujourd’hui (pp. 92 et 160 à 166). Le prochain numéro de Positif (n°725-726, été 2021) lui sera en partie consacré.

La Culture, avec une majuscule, est donc relancée : les musées, les théâtres (pas tous) et les salles de cinéma. Malgré les contraintes, places encore limitées et couvre-feu, il semble que les spectateurs ont retrouvé leur chemin vers les écrans - il faut dire que l’abondance de nouveaux titres proposés ne pouvait que satisfaire un public affamé. Il est encore trop tôt pour tenter un bilan - combien de semaines faudra-t-il pour venir à bout du stock de films dans les limbes - certains depuis plus d’un an : quand verrons-nous le film de Roy Andersson ? -, sachant que l’été n’est pas la meilleure période et que la rentrée sera peuplée par les films présentés à Cannes ?

Car le Festival de Cannes est là, dans sa version estivale. Après l’édition bancale de l’an dernier, même si les films gratifiés du label Cannes 2020 ont pu être soutenus -, il était temps de retrouver le rivage d’origine. Le millésime est remarquable, comme on le verra plus loin, au moins pour la participation française, d’un niveau digne des meilleures années. Nous n’avons pas évoqué, car il a été annoncé plus tard, Onoda, second long métrage de Arthur Harari, l’histoire du fameux soldat japonais isolé qui ne s’est rendu qu’en 1975. Le film ouvrira la section Un Certain Regard, il est un des rares films français digne, par son sens de l’espace et sa narration exemplaire, de ses prédécesseurs américains.

Mais si le cinéma hexagonal tient le haut du pavé, il y aura bien d’autres titres mémorables, entre Nanni Moretti, Marco Bellocchio, Wes Anderson ou Asghar Faraghi - et l’étonnant The Story of My Wife de Ildiko Enyedi. L’essentiel du festival sera traité, grâce à la cohorte de nos envoyés spéciaux, dans notre numéro de rentrée.

En publiant l’étude, due à notre spécialiste du cinéma japonais, sur "Kinuyo Tanaka réalisatrice" - on la connaît surtout comme interprète de Mizoguchi ou d’Ozu -, on ne savait pas encore, qu’un de ses films (La Lune s’est levée) serait présenté, dans la sélection Cannes Classics. Et on annonce - quand ? où ? - une rétrospective complète de son œuvre de cinéaste. Décidément, Jeune Cinéma ne se soucie pas prioritairement de l’actualité, mais sait parfois la précéder.

Dans notre sommaire d’été, d’autres regards avertis sur des réalisateurs pas souvent en première ligne, mais que la revue a suivis autant qu’elle le pouvait, Jean-Pierre Thorn et Jean-Marie Straub. Et un, ou plutôt deux coups de projecteur sur des faits historiques, traités par Andrzej Wajda il y a quinze ans et par Agniezska Holland il y a peu, le massacre de Katyn en 1940 et la famine en Ukraine du début des années 30. Sans compter le retour sur la Série Noire à la française, la farandole des DVD et le reste - de quoi occuper plaisamment quelques soirées d’été.

Faute de pouvoir écarter les murs de ce numéro, la recension de quelques livres notables devra attendre la rentrée. Il n’empêche que les lecteurs qui nous font confiance peuvent se les procurer immédiatement : il s’agit de l’ensemble concernant Richard Fleischer publié par les éditions Marest : Survivre à Hollywood, mémoires du réalisateur, et de Richard Fleischer, analyse fouillée (430 p.) signée Nicolas Tellop. Il était temps de donner sa véritable dimension à l’auteur des Vikings.
Et pour les amateurs, Prévert de Laurence Perrigault (éditions Icônes), qui a su surmonter le handicap des multiples biographies antérieures, en fixant des aspects moins connus du poète, et en donnant leur juste place à ses compagnons de route, son frère Pierre Prévert et toute la bande des Lacoudem. Nous y reviendrons, bien entendu. De Messidor à Fructidor, bonne saison.

Lucien Logette



 

SOMMAIRE JC n°408-409, été 2021

 

Avant-Cannes
 

* Notes sur les films français de Cannes 2021, par Lucien Logette.

Du monde entier
 

* Kinuyo Tanaka, réalisatrice, par Andrea Grunert.

Festivals
 

* Rotterdam 2021, par Alain Souché.
* Alès 2021, par Alain Souché.

Documentaires
 

* Jean-Pierre Thorn, par Francis Guermann.
* Festival Best of Doc, par Nicole Gabriel.

Patrimoine
 

* Inferno 27 = Une alchimie mystérieuse, par Jean-Paul Combe & Vincent Heristchi.
* Voix, cris et suspenses hollywoodiens, par René Prédal.
* Quelques notes sur le Noir à la française, par Claude Gauteur.
* Jean-Marie Straub, l’autre ermite de Rolle, par Francis Guermann.

Histoire et Cinéma
 

* Retour sur Katyn d’Andrzej Wajda, par Jean-Michel Ropars.
* Du caractère nécessaire de L’Ombre de Staline d’Agniezska Holland, par Jean-Michel Ropars.

DVD
 

* Chronique de l’été 2021, par Jérôme Fabre.
* Glanures, de Grémillon à Vecchiali, par Philippe Roger.
* Mosaïque de regards, par Robert Grélier.
* Jeune cinéma arménien, par Gisèle Breteau Skira.

Technique et Cinéma
 

* Doublage, postsynchronisation, voix in et off, par René Prédal.

Divagations
 

*Champ-contrechamp (freudien), à propos de En thérapie, par Patrick Saffar.

Chercheurs et curieux
 

* Rectificatif. À propos de Assia Noris et de Nine Assia, par Jean A. Gili & Laurent Bourdon.

Exposition
 

* Divas orientales à l’IMA, par Nicole Gabriel.

Actualités
 

* Louloute, par Gisèle Breteau Skira.
* My Zoé, par Jean-Max Méjean.
* Solo, par Gisèle Breteau Skira.
* Douce France, par Jean-Max Méjean.
* Nomadland, par Bernard Nave.
* Summer White, par Gisèle Breteau Skira.
* La Fièvre, par Claudine Castel.
* Moffie, par Jean-Max Méjean.
* À l’abordage, par Nicole Gabriel.
* Le Gai Luron des Flandres, par René Prédal.
* 17 Blocks, par Bernard Nave.
* De l’or pour les chiens, par Gisèle Breteau Skira.
* Fisherman’s Friends, par Jean-Max Méjean.

Livres
 

* Frédéric Sojcher, Main basse sur le film, par Jean-Max Méjean.
* Frédéric Sojcher, Je veux faire du cinéma. petit manuel de survie dans le 7e art, par Jean-Max Méjean.
* Propre Hilllairet, Passages du Cinéma, par Gisèle Breteau Skira.
* Dominique Delouche, La Danse, le désordre et l’harmonie, par Nicole Gabriel.
* Theos Angelopoullos, Le Temps suspendu, par Gisèle Breteau Skira.
* Patrick Cazals, Charles Boyer, l’ardeur et l’élégance, par Lucien Logette.
* Ken Loach & Édouard Louis, Dialogue sur l’art et la politique, par Bernard Nave.

Nécrologies
 

* Peter Del Monte (1943-2021), par Jean A. Gili.
* Bertrand Tavernier (1941-2021), par Bernard Chardère & Lucien Logette.

Humeurs
 

* Small is beautiful, par Bernard Chardère.



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