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Judy Berlin (1999)
de Eric Mendelssohn
publié le vendredi 21 octobre 2016

par Lucien Logette
Jeune Cinéma n°256, été 1999

Sélection officielle Un certain regard au Festival de Cannes 1999

Sortie le mercredi 3 mai 2000


 


Est-ce d’avoir vu, parmi cent autres noms remerciés dans le générique final, celui de Woody Allen, qui a conduit certains à placer Eric Mendelssohn sous l’autorité de l’auteur de Manhattan  ?
On ne trouve pourtant rien, dans cette vision d’une banlieue tranquille de Long Island, subitement et subtilement chamboulée par une éclipse totale de soleil, qui puisse référer à l’univers de W.A. - en tout cas ni humour, ni dérision distanciée.


 


 

La vie y va son train, étriquée et autarcique, à l’image de cette middle-class hors du temps - personne ne semble avoir jamais quitté Babylon, excepté un ex-futur jeune cinéaste, brûlé par les feux de l’autre Babylone, Hollywood, et revenu au cocon d’origine, et une apprentie comédienne qui veut à son tour partir sur l’autorail de l’aventure.


 


 

La nuit, qui s’installe en plein jour dans une durée indéfiniment suspendue, va faire éclater quelques carcans : le directeur d’école saisi par la débauche osera ce qu’il s’interdit depuis trente ans, poser ses lèvres sur celles de l’institutrice qui l’aime en secret.
Les habitants vont redécouvrir que le langage existe, et les rapports humains : la femme du directeur reparlera enfin à sa voisine, la fille de l’institutrice (la Judy du titre) et le cinéaste (fils du directeur) s’avoueront un amour d’école.


 


 

Tout ceci est plus proche des microdrames sarrautiens que de Docteur Jivago, mais aidé par une superbe photographie en noir & blanc et des acteurs étonnants - Barbara Barrie, qui nous fit tant pleurer jadis dans One Potato, Two Potato, Madeline Kahn, rescapée des naufrages melbrooksiens), Eric Mendelssohn réussit à donner à ses héros minuscules une dimension exemplaire.


 

Et la ville transfigurée par l’obscurité, avec ses quais de gare silencieux sortis de chez Delvaux (Paul), est mille fois plus inquiétante, en version magique-circonstancielle, que la banlieue trashy de Pola X.

Lucien Logette
Jeune Cinéma n°256, été 1999


Judy Berlin (Babylon, USA). Réal, sc, mont : Eric Mendelssohn ; ph : Jeffrey Seckendorf ; mu : Michael Nicholas. Int : Barbara Barrie, Bob Dishy, Edie Falco, Carlin Glynn, Madeline Kahn, Aaron Harnick (USA, 1999, 93 mn).



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