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Doigts dans la tête (les) (1974)
de Jacques Doillon
publié le mercredi 23 mars 2022

par Gérard Lionet
Jeune Cinéma n°84, février 1975

Sorties le mardi 3 décembre 1974 et le mercredi 23 mars 2022


 


Avec Les Doigts dans la tête, Jacques Doillon nous fait partager la vie d’un groupe de jeunes dans un moment de crise.
Il y a Chris, mitron de son métier, Léon, son copain, mécano mais seulement quand il a besoin de travailler pour assurer sa subsistance, Rosette, l’amie de Chris, qui travaille à la boulangerie comme vendeuse.


 

Survient, rencontrée par Léon et Chris, Liv une très charmante Suédoise, fille en rupture avec son milieu, plus affirmée que les autres dans une maturité plus grande. Elle vient habiter pour quelques jours chez Chris, ce qui n’est pas pour déplaire à celui-ci qui ne cache pas son penchant pour elle.


 

Et cela suffit à déclencher une chaîne d’événements. Chris arrive deux heures en retard à son travail après avoir passé la nuit avec Liv, c’est l’engueulade avec le patron qui demandera à Chris de passer à la caisse. Léon, appelé à l’aide, conseille d’aller voir le syndicat. Rosette part, puis elle revient, mais Chris s’y prend maladroitement pour rétablir la situation et leurs rapports deviennent ambigus.


 

Au syndicat, Chris s’aperçoit que son patron le lésait depuis deux ans sur son salaire. Comment maintenant obtenir réparation ? Il en discute avec Léon. En fait, on n’étudie pas la situation telle qu’elle est, on copie ce qu’on a entendu dire des luttes collectives. Finalement on occupe... la chambre, et on met sur la porte un écriteau "Jeune ouvrier barricadé en lutte contre l’injustice de son patron".


 

Rosette quitte son emploi, mais plus pour Chris que pour une action de solidarité, Liv participe mais un peu de l’extérieur comme quelqu’un qui rentrera bientôt dans son pays. En définitive, "l’événement" se déroule dans l’espace clos d’une chambre.


 

Il y a dans tout cela beaucoup d’ironie - sensible par exemple dans la scène où Chris et Léon recherchent le slogan à mettre sur la porte. Cette ironie tempère l’utopie à laquelle l’auteur de L’An 01 (1) n’a pas complètement échappé. Sa sincérité et sa délicatesse font que cette ironie ne devient pas dérision.

Gérard Lionet
Jeune Cinéma n°84, février 1975

1. L’An 01 de Jacques Doillon, Alain Resnais pour la séquence de New York") et Jean Rouch pour la séquence du Niger, d’après la BD de Gébé (1973). C’est le premier long métrage de Jacques Doillon, après une demi douzaine de courts métrages.
Le film, post-contestataire, qui avait pour parrains Politique Hebdo et Charlie Hebdo, a été bien reçu par tout le monde de gauche à droite.


Les Doigts dans la tête. Réal, sc : Jacques Doillon ; ph : Yves Lafaye ; mont : Noëlle Boisson. Int : Chritophe Solo, Ann Zacharias, Olivier Bousquet, Roseline Villaumé (France, 1974, 104 mn).



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