Premier film du jeune réalisateur français Élie Grappe, Olga décrit le parcours poignant d’une jeune gymnaste ukrainienne dont la mère est une journaliste engagée dans les manifestations pro-européennes qui ont débuté en novembre 2013 sur la place Maïdan à Kiev. Suisse par son père, ukrainienne par sa mère, Olga doit quitter son pays natal après une attaque délibérée contre sa mère. Pour la protéger, cette dernière l’envoie dans la famille de son père. Elle s’entraînait à Kiev pour le championnat d’Europe, elle change finalement de nationalité et intègre l’équipe suisse.

Élie Grappe filme la passion pour la gymnastique d’une adolescente rattrapée par le brutal cours de l’histoire, posant aussi la question de l’identité et de l’émancipation, de l’engagement total, tant dans le sport de haut niveau que dans le combat pour la liberté. Il met en parallèle la violence des entraînements (chutes, blessures) et celle de la révolution ukrainienne en marche (images filmées par les manifestants eux-mêmes).

Olga est continuellement dans cet entre-deux, en tension permanente. Accrochée à son portable dont elle absorbe intensément les images de la place Maïdan, bouleversée par l’absence de sa mère, inquiète pour elle, souffrant de cet exil imposé loin de sa meilleure amie, gymnaste elle aussi.

Ce coming-of-age-movie brûle d’une incandescence magnétique, porté par une impressionnante Anastasia Budiashkina (Olga), gymnaste de haut niveau dans un premier rôle, butée et indépendante, presque mutique, aux réactions violentes mais apprenant à contrôler ses émotions bouillonnantes.

Bien qu’accrochée à son idéal de victoire, elle va se blesser volontairement, mettant ainsi fin à sa carrière de championne. Une perte d’innocence qui la conduit sur les chemins difficiles de l’âge adulte. De très belles scènes d’entraînement souvent filmées en plans rapprochés, ponctuées de gros plans sur les mains qui s’enduisent de magnésie, sur les strappings qu’on fixe aux poignets, sur les chutes brutales, sur la répétition inlassable des mêmes mouvements, et la reconstitution brillante d’un championnat d’Europe à Stuttgart s’intègrent parfaitement à la dramaturgie.

Gérard Camy
Jeune Cinéma n°410-411, septembre 2021

* Cf. "Entretien avec Élie Grappe" à propos de Olga, Jeune Cinéma n°410-411, septembre 2021

Olga. Réal, sc : Élie Grappe ; sc : Raphaëlle Desplechin ; ph : Lucie Baudinaud ; mont : Suzana Pedro. Int : Nastia Budiashkina, Thea Brogli, Sabrina Rubtsova, Caterina Barloggio, Jérôme Martin (France-Suisse, 2021, 85 mn).