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Haut et fort (2021)
de Nabil Ayouch
publié le mercredi 17 novembre 2021

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°410-411, septembre 2021

Sélection officielle en compétition du Festival de Cannes 2021

Sortie le mercredi 17 novembre 2021


 


On pense que ce titre méritait la Palme d’or. Peut-être Nabil Ayouch avait-il un train de retard en cochant les cases de l’humanisme, du vivre ensemble et de la lutte contre l’obscurantisme, plutôt que celles du gore transgenre nourri à l’huile de vidange, comme la palme 2021. Peu importe, ce film représentant le Maroc au Festival, mérite qu’on s’y arrête.


 

Nabil Ayouch nous avait habitués, au cours de sa carrière remarquable, via Les Chevaux de Dieu (2012), Much Loved (2015), et Razzia (2017) (1), à plus de violence, contenue ou non, pour dénoncer la société marocaine et ses injustices. Avec Haut et fort, il abandonne ses craintes et ses angoisses pour donner la parole à des jeunes issus de la banlieue de Casablanca qu’on ne voit que rarement au cinéma, sauf pour les vilipender.


 

À travers le portrait du charismatique Anas Basbousi, ancien rappeur, engagé dans un centre culturel d’un quartier populaire de Casablanca, le film nous raconte une histoire pleine de joie et d’espoir, celle de jeunes réunis par le hasard et qui vont devenir meilleurs, ensemble, toujours ensemble.


 

En effet, encouragés par leur nouveau professeur, ils vont tenter de se libérer du poids de certaines traditions pour vivre leur passion et s’exprimer à travers la culture hip hop. La fin du film est d’ailleurs magnifique, avec juste ce qu’il faut d’émotion et de passion.


 

Haut et fort marque à la fois par son message, la rigueur de sa mise en scène de type documentaire, et l’image de Virginie Surdej et Amine Messadi. Et, bien sûr, la musique, due à Mike et Fabien Kourtzer, qui occupe la place principale, qu’on aime ou pas le rap et le hip-hop.


 

Le réalisateur a déclaré lors de la conférence de presse cannoise : "J’ai envie que le monde entier entende ces voix et ces histoires. Elles sont le signe que le monde change". C’est chose faite.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°410-411, septembre 2021

1. Les Chevaux de Dieu (2012) a représenté le Maroc aux Oscars 2014 dans la catégorie meilleur film en langue étrangère.
Much Loved (2015), sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2015, a été interdit de projection au Maroc, "pour outrage à la morale et portant préjudice au pays".
Razzia (2017) a été sélectionné au Festival de Toronto 2017.
Les trois films sont sortis en salles en France.


Haut et fort (Casablanca Beats). Réal, sc : Nabil Ayouch ; sc : Maryam Touzani ; ph : Amine Messadi ; & Virginie Surdej ; mont : Marie-Hélène Dozo, Julia Grégoey, Yassir Hamani ; mu : Mike & Fabien Kourtzer. Int : Ismaïl Adouab, Anas Basbousi, Meriem Nekkach, Zineb Boujemaa (France-Maroc, 2021, 102 mn).



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