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Avoir 20 ans dans les Aurès (1972)
de René Vautier
publié le lundi 5 janvier 2015

Prix international de la critique du festival de Cannes 1972
DVD Doriane Films

par Robert Grélier
Jeune Cinéma n°303-304 juillet 2006

Je ne ferai pas l’injure à nos lecteurs de dire qui est René Vautier, et encore moins de raconter le premier film réalisé sur la guerre d’Algérie, Avoir 20 ans dans les Aurès, interdit d’antenne pendant plus d’un quart de siècle, malgré son prix au Festival de Cannes en 1972.

Si, en 2006, je dois revenir à ce réfractaire, c’est pour affirmer une fois encore que contrairement à ce qui a été écrit dans Positif n° 538, René Vautier ne fut pas seulement un syndicaliste, mais avant tout un cinéaste.
En effet l’auteur (un collectif de trois universitaires) de l’article incriminé, écrit à propos du tournage du film de Louis Malle, Humain trop humain : "Le cinéaste a pu aussi bénéficier de l’aide de René Vautier, syndicaliste CGT des techniciens du cinéma, qui aurait préparé le terrain auprès des ouvriers".

Le DVD Avoir 20 ans dans les Aurès, en attendant le coffret (17 courts et longs métrages confondus) qui nous permettrait de consulter l’œuvre complète, a le mérite de nous donner du grain à moudre pour mieux comprendre ce cinéaste, qui dès son premier film, Afrique 50, fut sous le coup de plusieurs inculpations - un an de prison - et vit son réquisitoire anticolonial interdit.

Avec le long métrage documentaire Peuple en marche, on a accès à une autobiographie filmée, Vautier l’indomptable, qui retrace avec beaucoup d’humour l’itinéraire d’un témoin de son temps.

Ne dit-il pas en reprenant à son compte l’extrait d’un poème de Paul Éluard : "Je dis ce que je vois / ce que je sais / ce qui est vrai" ?

Qu’on le veuille ou non, René Vautier est entré dans l’histoire du cinéma, même s’il est oublié par les encyclopédies.

N’oublions pas qu’il mena pendant trente et un jours une grève de la faim pour abolir la censure politique au cinéma.
Combat qu’il gagna. C’était il y a trente ans, et ce n’est pas si loin de nous !

Robert Grélier
Jeune Cinéma n° 303-304 juillet 2006

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