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Un endroit comme un autre (2020)
de Uberto Pasolini
publié le mercredi 8 décembre 2021

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n° 412, décembre 2021

Sélection Horizons à la Mostra de Venise 2020

Sortie le mercredi 8 décembre 2021


 


Un Pasolini peut-il en cacher un autre ? Non : Uberto Pasolini, l’auteur de Un endroit comme un autre, long métrage de fiction paru dans le pays d’origine du film, l’Angleterre, sous le titre Nowhere special, n’a aucun lien de parenté avec PPP. En revanche, il est le petit-neveu de Luchino Visconti et apparenté, nous dit-on, à Carlo Ponti. Cet italien né en 1957, installé depuis quatre décennies en Grande-Bretagne, a fait ses classes aux États-Unis où il a travaillé pour la Columbia, avant de se lancer dans la profession : il a été l’un des coproducteurs de The Full Monty (1997), puis est passé à la réalisation en 2008 avec Sri Lanka National Handball Team, qui a été suivi de Still Life (2013).


 

Un endroit comme un autre montre que notre Pasolini s’intéresse comme son illustre homonyme aux petites gens. Ou, plus exactement, aux "perdants" et à ceux qui souffrent de solitude. Ses protagonistes sont un couple fusionnel composé d’un jeune père… célibataire et de son fils âgé de quatre ans. L’adulte officie comme laveur de vitres à Belfast ; il jongle dans son emploi du temps ; il slalome entre son travail, les services sociaux, la crèche, le supermarché.


 


 

On apprend au détour d’une conversation que sa femme d’origine russe l’a quitté, ayant "le mal du pays", et, au cours d’une autre que, gravement atteint par le cancer, il ne lui reste que peu de temps à vivre. Il doit dès lors prendre ses dispositions pour assurer l’avenir de son enfant. Lui-même ayant élevé par l’assistance publique, la suite du récit aurait pu verser dans le tire-larmes. Uberto Pasolini fait le choix inverse, cultivant, lui et ses interprètes, l’art de l’understatement. Il fait le nécessaire pour que le fils soit adopté dès l’issue fatale. Il passe alors la majeure partie de son temps, flanqué d’une assistante sociale, à rendre visite aux familles susceptibles d’accueillir son fils.


 


 


 

Tous des gens de bonne compagnie, dont les motifs non avoués - leurs propres manques ou frustrations - finissent par transparaître. La caméra scrute les visages et capte les petits riens d’un moment pourtant crucial. Tous évitent de traiter du sujet tabou qu’est la mort annoncée. Le parti pris minimaliste ôte sans doute aux personnages chair et expressivité. Néanmoins, leur pudeur, leur générosité et leur maladresse atteignent le spectateur le plus endurci.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n° 412, décembre 2021


Un endroit comme un autre (Nowhere Special). Réal, sc : Uberto Pasolini ; ph : Marius Panduru ; mont : Masahiro Hirakubo & Saska Simpson ; mu : Andrew Simon McAllister. Int : James Norton, Daniel Lamont, Eileeen O’Higgins, Valerie O’Connor (Grande-Bretagne-Italie-Roumanie 2020, 96 mn).



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