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Cauchemar de Dracula (le) (1958)
de Terence Fisher
publié le dimanche 17 janvier 2016

par René Prédal
Jeune Cinéma n°361-362, automne 2014

Sorties les mercredis 4 février 1959 et 25 octobre 2006


 

Pour saluer son cinquantenaire, Jeune Cinéma a posé une question à ses collaborateurs : Quel film des cent dernières années aimeriez-vous sortir de l’ombre ?
Ce film fait partie des hidden gem (re)découverts à cette occasion.


Printemps 1959 en classe Terminale, qui fut aussi pour moi une propédeutique au 7e art grâce à un professeur cinéphile. Fin 58 avait vu la sortie simultanée à Nice des Tricheurs de Marcel Carné et des Amants de Louis Malle qui semblaient terminer un chapitre de l’histoire du cinéma et en ouvrir un autre. Mais en mars 1959, l’hypothèse d’une Nouvelle Vague n’avait pas encore été évoquée, personne ne soupçonnant alors l’importance qu’allaient prendre François Truffaut et Alain Resnais au Festival de Cannes. L’actualité ne semblait donc pas pouvoir satisfaire notre récent amour du cinéma alimenté presque exclusivement par les classiques, lorsqu’un camarade lança un jour à la sortie de classe l’idée saugrenue : "Et si on allait voir Le Cauchemar de Dracula  ?".


 


 

Ni les vampires, ni le fantastique en général ne constituaient des domaines évoqués par notre professeur, sinon, peut-être, Vampyr de Carl Dreyer (1932) ou Juliette ou la clé des songes de Marcel Carné (1951), c’est dire ! Alors pourquoi ? Et bien, justement, pourquoi pas ? Une quinzaine d’entre nous s’y rendit. C’était un saut dans l’inconnu, car la revue Midi Minuit Fantastique ne publiera son n°1 sur Terence Fisher qu’en mai 1962.


 

Pour moi, la révélation fut sidérante. Tout ce que notre maître nous avait conduit à aimer y était, le sens, l’émotion, la beauté, le mystère. Et la première apparition du comte Dracula en haut à droite de l’image où le spectateur peut le voir mais pas encore la pauvre victime en bas devant lui, est un des plus beaux plans de l’histoire du cinéma. Cette symphonie en rouge et noir (la cape, les yeux), ces superbes mouvements d’appareil, ce combat du Bien et du Mal, le sublime Christopher Lee,, la dualité Eros-Thanatos, le jour et la nuit, l’éternité au prix de l’horreur…


 


 


 

Le professeur trouva incongru notre choix et nous demanda d’argumenter notre enthousiasme. À la suite de quoi il promit d’aller voir le film. Il ne nous en reparla pas, nous non plus, mais j’ai su plus tard qu’il l’avait vu et apprécié.

René Prédal
Jeune Cinéma n°361-362, automne 2014


Le Cauchemar de Dracula (Horror of Dracula). Réal : Terence Fisher ; sc : Jimmy Sangster d’après Bram Stoker ; ph : Jack Asher ; mont : Bill Lenny ; mu : James Bernard. Int : Christopher Lee, Peter Cushing, Melissa Stribling, Michael Gough, Olga Dickie (Grande Bretagne, 1958, 82 mn).



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