Revin, petite ville des Ardennes, est une commune sinistrée, en partie détruite par la globalisation et la perte de ses unités de production dans la sidérurgie. Ne restent que les souvenirs et les espoirs déçus. C’est ici, men 2020 que Thomas Paulot et son équipe décident d’installer leur caméra pour mettre en scène, dans le plus pur jus de la politique spectacle qui aide à élire les présidents, l’apparition d’un candidat aux municipales locales.

Celui-ci n’est autre qu’un comédien, Laurent Papot, dont la candidature va déchaîner les passions et les antagonismes dans la bourgade, en mettant au jour tous les rouages de la politique dans ce qu’elle a de plus politicien. Le candidat, que le réalisateur lui-même a voulu dépeindre comme une sorte de Don Quichotte, ne laisse personne indifférent et il va finir par devenir une figure qui inquiète autant à droite qu’à gauche puisque, venu de nulle part, il pourrait renverser tous les autres, à la manière de Coluche en son temps.

"On a commencé à écrire l’été 2018, mais lorsque les gilets jaunes sont arrivés, on s’est posé pas mal de questions, déclare Thomas Paulot. Leurs problématiques entraient en résonance avec pas mal de choses qu’on avait envie de discuter, comme l’autogestion, la crise du système représentatif ou la nécessité de trouver des imaginaires alternatifs. On s’est posé la question de savoir à quel point il fallait faire dévier le scénario vers quelque chose qui soit davantage lié à ces questions-là. On s’est même posé la question d’intégrer directement les gilets jaunes, mais, finalement, on est resté accrochés à notre idée de propulser un acteur dans une campagne municipale".
Et le résultat est une jolie réussite.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 410-411, septembre 2021

Municipale. Réal, sc : Thomas Paulot ; sc : Ferdinand Flame & Milan Alfonsi ; mont : Rémi Langlade. Int : Laurent Papot (France, 2021, 110 mn).