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Vitti, Monica (1931-2022)
Brève
publié le jeudi 3 février 2022

Jeune Cinéma en ligne directe
Journal de Shi-Wei 2022 (jeudi février 2022).


 


Jeudi 3 février 2022

 

Monica Vitti (1931-2022) est morte hier, ce 2 février 2022.


 

On n’a pas échappé au cliché facile, ’"muse d’Antonioni", ce qui continue à être extrêmement irritant tant ce raccourci véhicule de sous-entendus fallacieux sur le travail cinématographique, les conditions des tournages, les hiérarchies, les mystères de "l’inspiration".


 

Dans le cas présent, cette espèce de sous-titre paresseux qui lui est accolé, est d’ailleurs curieusement significatif. Michelangelo Antonioni (1912-2007), certes. C’est normal, elle a vécu avec lui dix ans, il est vraisemblable qu’ils aient fusionné leurs idées et leurs émotions. Mais elle n’a fait avec lui que 5 films sur les 63 de sa carrière entre 1954 et 1992. Surtout, ne citer que lui, c’est comme une sorte de snobisme, le grand cinéaste des cinéphiles intellos, dont on ne voyait les films que dans les cinémas d’art et d’essai et les cinémathèques, et pas au moins certains autres, ces réalisateurs italiens plus populaires, et parfois moins exportés, comme Francesco Maselli, Pasquale Festa Campanile, Mario Monicelli, Vittorio De Sica, Ettore Scola, Dino Risi, Luigi Comencini, Luigi Zampa, Sergio Corbucci...


 

Mais dans l’ensemble, sur les réseaux sociaux, elle a été beaucoup pleurée. Et dans les médias, elle a été bien traitée. On y a rappelé qu’elle avait fait du théatre (Molière, Machiavel, Ionesco, Shakespeare, Brecht), qu’elle avait réalisé un film, au tournant de sa soixantaine, Scandale secret (Scandalo segreto, 1990), avec Elliott Gould, sélectionné dans la section officielle Un certain regard au Festival de Cannes 1990. Et qu’en 1995, elle avait reçu un Lion d’Or pour l’ensemble de sa carrière, à la Mostra de Venise.


 

Elle a donc été respectée comme une des grandes actrices italiennes de cette génération, qui ont fait la gloire de leur pays, sans trop s’en éloigner, comme Gina Lollobrigida (née en 1927) et Sophia Loren (née en 1934), ou Lucia Bosè (1931-2020). Alida Valli (1921-2006) était de la génération précédente, Pier Angeli (1932-1971) fit sa carrière en Amérique, Claudia Cardinale (née en 1938) est encore toute jeune.

De Monica Vitti, nous, on ne retient pas seulement L’avventura de Michelangelo Antonioni (1960), où, en effet, on l’a découverte, et qui, aujourd’hui encore, garde son aspect énigmatique.


 

Ni les trois suivants de cette sorte de tétralogie qui constitua une des bases de nos formations cinéphiliques, avec, entre autres, Ingmar Bergman ou Jean-Luc Godard : L’Éclipse (L’eclisse, 1962) avec Alain Delon, La Nuit (La notte, 1961) et Le Désert rouge (Il deserto rosso, 1964).


 

Le fait qu’elle ait joué dans Dragée au poivre de Jacques Baratier (1963) même si elle n’y avait qu’un tout petit rôle, nous l’avait fait voir d’un autre point de vue. C’était une marrante.

On avait adoré Modesty Blaise de Joseph Losey (1966).


 

On l’avait aimée aussi en brune dans Drame de la jalousie (Dramma della gelosia (tutti i particolari in cronaca) de Ettore Scola (1970).


 


 

Et on s’était régalé à Nini Tirebouchon (Ninì Tirabusciò, la donna che inventò la mossa) de Marcello Fondato (1970) qu’on avait vu à Berlin en 1971.


 

En entier sur Internet.

Naturellement, on avait été étonné et ravi de la voir dans Le Fantôme de la liberté de Luis Buñuel (1974).


 


 

C’est très très tardivement qu’on a su qu’elle avait joué avec Miklós Jancsó et qu’on a vu La pacifista (1970), avec Pierre Clémenti et Daniel Olbrychski, grâce à la Cinémathèque dans une version non restaurée. C’était bien du Jancsó, c’était bien du Vitti.


 

Sur France Culture.



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