Avouons-le tout net : nous sommes rétif devant chaque film de Beauvois depuis Nord, attitude jamais démentie, et surtout pas devant Des hommes et des dieux, sa révoltante apologie de la sainteté qui a tant plu dans les chaumières.

Il fait partie de la redoutable cohorte des cinéastes qui "pensent", même dans le cadre du film de genre.

Ceci étant dit, cette reconstitution de l’histoire des pieds-nickelés ayant enlevé le cercueil de Chaplin (qui s’en souvenait ?) n’a pas de quoi braquer comme ses produits précédents. Il semblerait qu’il se soit contenté de raconter, sans vouloir élever l’anecdote au niveau spirituel qu’il affectionne.

Du coup, on peut se laisser porter par le récit, même si le jeu de Benoît Poelvoorde finit par montrer ses limites, même si Roschdy Zem ne sort pas beaucoup de ses chemins tracés, même si Chiara Mastroianni n’apparaît ici que dans un rôle supplétif et guère crédible.

Le principal problème est, comme dans hélas 90% des films, celui de l’écriture du scénario : fallait-il vraiment 115 minutes pour mener cette histoire à son terme ?

Une fois le forfait accompli, ça traîne diablement, l’arrestation et le procès sont vite expédiés et l’épilogue semble bien curieux. Peut-être avons-nous dormi, mais ont-ils chacun fait leurs cinq années de prison et la cérémonie de Zem devant la nouvelle tombe, et la carrière de clown poursuivie par Poelvoorde se passent-elles ensuite ?

D’ailleurs cela a-t-il vraiment de l’importance ?

Le centenaire des débuts de Chaplin valait effectivement un coup de chapeau.
Quel dommage qu’il soit de si faible ampleur.

Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe (7 janvier 2015)

La Rançon de la gloire. Réal : Xavier Beauvois ; sc : Xavier Beauvois & Étienne Comar, avec Marie-Julie Maille ; ph : Caroline Champetier ; mu : Michel Legrand ; mont : Marie-Julie Maille. Int : Benoît Poelvoorde, Roschdy Zem, Chiara Mastroianni, Peter Coyote, Dolores Chaplin, Louis-Do de Lencqueseing, Olivier rabourdin, Marilyne Canto, Macha Méryl (France, 2014, 114 mn).