Annecy italien 2007, 25 septembre-2 octobre 2007, 25e édition
par Andrée Tournès
Jeune Cinéma n°315-316 printemps 2008
Mi fido di Te de Massimo Venier (2006), est une comédie burlesque sur le thème de l’escroquerie, jouée par deux acteurs très prisés à la télévision, Ale et Franze.
Deux personnages antagonistes : Alessandro, un bureaucrate bourgeois, qui a perdu son travail et Francisco, un prolétaire acculé à voler pour rembourser un mafieux menaçant. Alessandro fait croire à sa famille qu’il travaille. En fait, il livre pour un salaire dérisoire des bouteilles d’eau à domicile. Francisco, lui, a un petit truc quotidien : il pousse une voiture à l’arrêt contre une autre qui arrive, feint d’en être le propriétaire et pestant contre les assurances, propose un arrangement à l’amiable. Une rencontre dans un café, un truc pour voler deux souliers, ils deviennent des compères. Les gags sont multiples, les escroqueries vont grandissant, d’un repas non payé au faux achat d’un terrain imaginaire.
L’uomo di vetro de Stefano Incerti (2007) est une œuvre difficile, une évocation de la Mafia, le parcours d’un homme au bord de la folie mais porteur de vérités, l’histoire véridique du premier repenti.
Le film s’ouvre sur l’évocation rapide d’un homme de 40 ans mal dans sa peau. Un flash back rapide évoque son éducation : enfant, il a dû tuer un chien, adolescent, assassiner deux hommes choisis au hasard. On le retrouve sans transition en prison ; il a tout nié, il ne sait rien, il ne connaît pas la Mafia… Revenu dans sa famille, il est aidé par son père, mafieux notoire. Il va à l’église, se confesse puis se rend à la police où il avoue ses crimes. Il est finalement enfermé dans un asile, soumis à des électrochocs, interrogé par des psy, soigné par sa mère qui a obtenu le droit de vivre à l’asile ; son père, lui, a été exécuté par ses complices. Le jeu stupéfiant de l’acteur Coco lui a valu le prix d’interprétation masculine.
Dans Saturno contro , comme dans tous ses films, Ferzan Ozpetek décrit l’Ostiense, un quartier populaire où il habite depuis trente ans avec un groupe d’amis.
On retrouve ses thèmes récurrents, la famille élargie, le goût de la bonne cuisine, la diversité sociale, la présence de couples homosexuels et le personnage jouée par une très grosse dame turque d’un certain âge, Serra Yilmaz, qui n’est plus cette fois-ci la domestique des Fate ignorante, mais une traductrice aux réunions de l’ONU.
Le groupe comporte comme toujours des amis de mondes différents : Davide, un écrivain qui vit avec Lorenzo, un couple marié, elle psy anti-tabagique, lui employé de banque, et l’ancien ami de Davide, un retraité désœuvré.
Il est bouleversé par l’accident de Lorenzo qui tombe dans un coma grave. Ses amis refusent de le quitter et prennent la responsabilité de le laisser mourir. À la fin, on retrouve le groupe au jardin, les deux filles se mettent à jouer au ping-pong, deux autres se joignent à elles et tout le groupe tourne autour de la table. Davide retrouve son sourire et au-dessus des arbres apparaît le visage heureux du mort.
Le rose del deserto, de Mario Monicelli, 92 ans, raconte l’odyssée d’une section sanitaire perdue dans le désert de Libye en 1940.
Ils apprennent l’armistice en France, le bombardement de Coventry, l’approche de la Grèce ; la paix et le retour au pays semblent proches. Le film est un triptyque. Les soldats inactifs attendent leur courrier, rêvent de femmes. Deux personnages antithétiques dominent l’épisode : un capitaine de métier (retour d’un acteur oublié, Alessandro Haber, au jeu appuyé), qui tient le journal de bord et écrit à sa femme. L’autre protagoniste est un lieutenant, Giorgio Pasotti, tout juste en fin d’études : il photographie tout ce qu’il croit exotique, un enfant silencieux, un vieil Arabe en robe. L’action se déclenche avec l’arrivée d’un moine dominicain, en bure fatiguée et parlant à l’oreille de son âne, un Michele Placido surprenant. Il connaît la région et les coutumes des Arabes, découvre aux jeunes soldats la misère d’une population cachée. Un personnage drolatique, mais qui apprend au peloton les gaffes à éviter. Ensuite explose la guerre, avec l’arrivée du grotesque général Graziani, bien au chaud loin du front, et les épisodes tragiques, la ruée des blessés et des morts.
Le Rose del deserto marque le retour du mélodrame, avec ses larmes et ses gags.
Andrée Tournès
Jeune Cinéma n°315-316 printemps 2008