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Mif (la) (2021)
de Fred Baillif
publié le mercredi 9 mars 2022

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°413-414, février 2022

Sélection de la Berlinale 2021. Grand Prix Generation

Sortie le mercredi 9 mars 2022


 


La "mif" en verlan des jeunes, ça veut dire "la famille".
Les jeunes héroïnes du film sont en foyer d’accueil, en Suisse, entourées d’une solide équipe et de Lora, la directrice en fin de carrière, présentes à chaque minute de leur vie. Les conflits, les pleurs, les drames, mais aussi les joies ne sont pas rares et superbement mises en scène. Les éducateurs ne sont pas leurs vrais parents, mais ils doivent être attentifs à tout sans devenir non plus complices de ces adolescentes en manque de repères et d’affection.


 


 

On constate que c’est un métier très difficile, d’autant que la hiérarchie veille au grain et les rejettera à la moindre erreur, expérience que fait Lora à deux reprises, jusqu’à sa mise à la retraite forcée.


 

Comment l’idée est-elle venue à Fred Baillif, dont le travail remarquable vient de son expérience de véritable autodidacte, qui pratique le cinéma qu’on appelait autrefois "vérité" avec des acteurs non-professionnels immergés dans leur monde habituel ?
Le spectateur croit vivre entre ces murs, avec ces jeunes filles mal embouchées, vulgaires, mais vivantes et passionnantes. Le cinéaste explique comment il a mené ce travail : "J’ai développé un style inspiré du cinéma direct, basé sur des personnes réelles et l’improvisation, à la recherche d’une performance naturelle et des talents insoupçonnés chez des personnes sans expérience du jeu d’acteur. Les actrices sont devenues les ’co-autrices’ du film, car l’accès qu’elles m’ont donné à leur réalité m’a permis de construire l’histoire, à partir d’entretiens avec chacun des résidents et des employés du foyer".


 


 

On est vraiment admiratif car on ne voit pas l’énorme travail d’improvisation en amont pour construire un tel documentaire scénarisé. Ce film, plein d’humanité, de poésie et de force, mérite d’être projeté et débattu dans les maisons des jeunes et les lycées. En outre, il aide à dénoncer un mal qui ronge la société : la maltraitance des jeunes, les viols et l’inceste, et pas seulement auprès des jeunes filles.


 


 

Les interprètes, inoubliables, sont arrivés à créer des personnages crédibles et émouvants. Laissons la parole à Lora, à qui Claudia Grob prête vie : "Un foyer, ce n’est pas une prison, ils ne sont pas punis, ils sont là pour qu’on les accompagne et qu’on continue à les éduquer, y compris dans leur sexualité. La sexualité des adolescents, ce n’est pas un crime, ça s’apprend, c’est un droit". Beau travail !

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°413-414, février 2022


La Mif. Réal, sc, mont : Fred Baillif ; sc : F.B. & Stéphane Mitchell ; ph : Joseph Areddy ; mu : Grégoire Maret ; cost : Lucy Mann.. Int : Claudia Grob, Anaïs Uldry, Kassia Da Costa, Amélie Tonsi, Amandine Golay, Joyce Esther Ndayisenga, Charlie Areddy, Nadim Ahmed (Suisse, 2021, 110 mn).



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