Jeune Cinéma n°413-414 - février 2022
Édito & sommaire
publié le mardi 15 mars 2022

JEUNE CINÉMA n°413-414, février 2022


 

Couverture : Ingrid Caven, La Paloma (Daniel Schmid, 1974, photo Renato Berta).

Quatrième de couverture : Berlin, symphonie d’une grande ville de Walther Ruttmann (1927).

Abonnez-vous, réabonnez-vous !
La revue refuse la publicité et ne vit que grâce à ses abonnés.



 

ÉDITO Jeune Cinéma n°413-414, février 2022

 

Décidément, il est impossible qu’un numéro échappe à la déploration.
L’an dernier avait vu se succéder les disparitions d’amis de la maison, cette fois c’est un collaborateur qui s’absente définitivement. Un collaborateur régulier, puisque depuis presque vingt ans (mars 2002 exactement), Robert Grélier n’avait jamais manqué au sommaire d’un numéro - excepté dans le précédent, car son article, que nous publions aujourd’hui, nous était parvenu trop tard. Il est parti soudainement, sans crier gare, le 17 décembre 2021. Il avait 87 ans.
Nous l’avions croisé dans des temps héroïques, au début des années 60, lors de séances clandestines que le Ciné-club Action organisait pour présenter Octobre à Paris de Jacques Panijel. Il écrivait alors dans Positif, en couvrant le plus souvent des festivals des pays de l’Est, Leipzig, Oberhausen, auxquels il avait ses entrées, tout en participant aux autres grandes revues du moment, Cinéma et surtout Image & Son-La Revue du cinéma, entre 1965 et 1988. Il n’avait pas son drapeau dans la poche - il fut ainsi l’auteur du premier ouvrage consacré à Joris Ivens (Éditeurs français réunis, 1965), qu’il considérait, dans sa dédicace à Jean Delmas, comme "un homme de notre temps". Une caractéristique qui pouvait s’appliquer à lui-même, tant il s’engagea dans son époque ; il suffit de reprendre la liste de ses articles des années 60 à 90 pour saisir la continuité de ses choix : le cinéma des rebelles, des documentaristes de terrain et de la mémoire ouvrière, René Vautier, Chris Marker, Henri Storck, bien d’autres. Et surtout les réalisateurs du cinema novo, Glauber Rocha, Carlos Diegues, Nelson Pereira dos Santos, Leon Hirszman, qu’il connaissait tous précisément pour avoir longtemps résidé au Brésil.
L’âge venu de ne plus courir d’un festival à l’autre, vint le temps des DVD, qui lui permirent, entre autres, de faire découvrir aux lecteurs de la revue les richesses des écrivains et peintres surréalistes, récemment ramenés à la lumière. Lorsqu’il édita les carnets rapportés par Louis Malle de son voyage de 1969, L’Inde fantôme (Gallimard, 2005), il nota sur notre exemplaire : "Le combat n’est jamais terminé". Certes. Il faudra désormais le continuer sans lui.
Sa disparition n’a pas fait grand bruit. Pas plus que celle de Pierre Philippe, à 90 ans, le 20 décembre 2021, que nous n’avons appris qu’avec retard. Nous reviendrons sur cet homme-orchestre, historien, archiviste, cinéaste et parolier - pour Ingrid Caven, par exemple, et notre couverture est là pour lui donner un discret coup de chapeau.

Dans le monde d’après, le cinéma continue. Preuve en est le nombre de titres qui, chaque mercredi, ont repris leur valse folle, supposant insatiable l’appétit des spectateurs. Il y a plusieurs années que dure cette course vers le cimetière des films disparus avant d’être vus. La machine doit tourner. On le verra dans quelques jours, lorsque la grande famille réunie fêtera, dans la joie de se démasquer enfin, les César (1). On aura ainsi une vision de cette année assurément bousculée, mais qui nous a semblé fort satisfaisante : Cannes 2021, en bon sismographe, a offert un panorama d’une qualité (française) rarement atteinte depuis plusieurs années. Qu’en sera-t-il du festival 2022 ? Premiers jalons dans le n°415, qui paraîtra à la veille de son ouverture.

Les lecteurs avaient dû croire Andrea Grunert sur parole lorsqu’elle décrivait, en septembre 2021, les beautés des films de Kinuyo Tanaka. Désormais, l’œuvre complète de la réalisatrice est visible en salles - mais pour combien de temps ? Souhaitons qu’un coffret DVD permette bientôt à ceux qui n’ont pas de salle Art & Essai à portée de main de profiter à leur tour de ces rééditions bienvenues. Et puisque nous en sommes aux salles courageuses, saluons la juste lutte des occupants du cinéma parisien La Clef, qui, soutenus par le public et des cinéastes complices qui y présentent leurs films, s’opposent à la fermeture du lieu. Une ZAD en pleine ville ! Effectivement, le combat n’est jamais terminé. (2)
Au sommaire de ce numéro, Jean-Pierre Léaud, Aurélia Georges, Renato Berta, Radu Jude, Sion Sono : du cinéma qui se fait. Et quant au cinéma qui s’est fait, les symphonies urbaines allemandes et les films muets de Julien Duvivier. Et le galop d’adieu de Robert Grélier, qui nous parle du jazz, un de ses sujets de dilection. Nos pages n’ont pas été suffisamment nombreuses pour contenir tous les textes qui se sont accumulés cet hiver. Mais le printemps sera bientôt là.
Pour tenir jusque-là, quelques livres, outre ceux chroniqués plus loin, qui devraient combler les lecteurs curieux. Forfaiture de Laurent Véray (Le vif du sujet), est une remarquable analyse du chef-d’œuvre de Cecil B. DeMille (1915) dont l’influence sur les réalisateurs fut plus importante que celle de D.W. Griffith. Edgar Morin et le cinéma (Presses universitaires de Caen) et Cinéma et droit d’auteur (Presses universitaires du Septentrion) sont deux ouvrages collectifs aux titres fort explicites. Si le second, sous-titré "Réflexions historiques et juridiques sur la paternité du réalisateur", est un peu technique, il n’en est pas moins extrêmement pertinent.
Enfin, deux titres des éditions Marest, Camp !, Horreur & Exploitation, 20 ans d’outrance dans le cinéma anglo-saxon, de Pascal Françaix, un régal pour les amateurs de cinéma décalé, qui y découvriront quelques perles - ainsi, nous ne connaissions pas Doris Wishman et ses films, qui feraient passer Roger Corman pour Michelangelo Antonioni. Et Mes universités de Jacques Aumont, qui cumulait pour nous les handicaps - Polytechnicien et ancien rédacteur aux Cahiers du cinéma  -, mais dont les souvenirs sont passionnants.
Pour la poignée de fervents (sans doute déjà avertis) de Ron Rice et de The Flower Thief (cf. Jeune Cinéma n° 375-376, septembre 2016), rappelons la sortie, chez l’éditeur DVD Re : voir, de son œuvre complète, enfin.

Lucien Logette

1. La 47e cérémonie des César 2022 a eu lieu le 25 février 2022. La sortie de Jeune Cinéma n°413-414 de février 2022 a été retardée en raison de la pénurie de papier qui sévit actuellement en France.

2. Le cinéma d’art et d’essai La Clef, fondé en 1973, a une longue histoire tumultueuse. Le dernier cinéma associatif de Paris, occupé depuis octobre 2019, a finalement été évacué par la police le 1er février 2022 au matin.



 

SOMMAIRE Jeune Cinéma n°413-414, février 2022

 

Cinéma français
 

* Jean-Pierre Léaud, François Truffaut et les autres, par René Prédal.

* Aurélia Georges : La Place d’une autre, par Gisèle Breteau Skira.
* Rencontre avec Aurélia Georges, par Gisèle Breteau Skira.

Du monde entier
 

* Renato Berta & Jean-Marie Charruau, Photogrammes, par Francis Guermann.
* Rencontre avec Renato Berta, par Francis Guermann.
* Sion Sono, cinéaste, par Andrea Grunert.
* La Loi de Téhéran, par Jean-Michel Ropars.
* Entretien avec Radu Jude, par Nicole Gabriel & Nicolas Villodre.

Festivals
 

* Arras Film Festival 2021, par Alain Souché.
* Festival Lumière 2021, par Philippe Roger.

Patrimoine
 

* Inferno 30 = Signes extérieurs de culture, par Jean-Paul Combe & Vincent Heristchi.
* Il était une fois… les Symphonies urbaines II. Ruttmann et le domaine allemand, par Daniel Sauvaget.

DVD
 

* Glanures DVD. De Julien Duvivier aux Monty Python, par Philippe Roger.
* Satoshi-Kon, l’illusionniste, par Andrea Grunert.
* Chronique de l’hiver, par Jérôme Fabre.

Cinéma et Histoire
 

* Les Heures sombres de Joe Wright, par Jean-Michel Ropars.

Danse et cinéma
 

* Entretien avec Boris Charmatz, chorégraphe, par Nicolas Villodre.

Jazz et cinéma
 

* Notes sur les DVD des éditions La Huit, par Robert Grélier.
* Jazz à Newport, par Nicolas Villodre.

Documentaires
 

* Festival Jean Rouch 2021, par Nicole Gabriel.

Chercheurs et Curieux
 

* Lettre inédite, par Louis Jouvet.

Divagations
 

Terminer en beauté (sur Ida Lupino), par Patrick Saffar.

Actualités
 

* Une jeune fille qui va bien, par Gisèle Breteau Skira.
* Les Innocents, par Jean-Max Méjean.
* Introduction, par Hugo Dervisoglou.
* Les Meilleures, par Jean-Max Méjean.
* À demain, mon amour, par Sylvie L. Strobel.
* Funambules, par Jean-Max Méjean.
* Entre les vagues, par Gisèle Breteau Skira.
* Jusqu’à la mer, par Claudine Castel.
* La Mif, par Jean-Max Méjean.
* L’Ombre d’un mensonge, par Gisèle Breteau Skira.
* Azuro, par Jean-Max Méjean.
* Adieu Paris, par Lucien Logette.

Livres
 

* Rolande Darricau-Kaalis, Darry Cowl, par Lucien Logette.
* Alex Cox, 10 000 façons de mourir. Le western italien, par Jean A. Gili.
* Oreste Sacchelli, Mes meilleures années. Le cinéma de Marco Tullio Giordana, par Lucien Logette.

Humeurs
 

* Pour René Basset, par Bernard Chardère.
* Jacques Prévert. Les fleurs du zinc, par Bernard Chardère.


JEUNE CINÉMA n°413-414, février 2022



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts