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Sous l’aile des anges (2014)
de A. J. Edwards
publié le mercredi 13 avril 2022

par Hugo Dervosoglou
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 13 avril 2022


 


1817, Indiana, Abraham Lincoln est un enfant élevé dans une ferme au milieu d’une forêt reculée. Lorsque sa mère vient à mourir, le père trouve une nouvelle épouse qui va prendre le jeune Abraham sous son aile. C’est au travers d’une voix off s’exprimant ponctuellement, de manière brève et concise, celle du cousin de Lincoln, qu’est contée cette histoire produite par Terrence Malick, dont l’aura plane sur l’esthétique, comme sur le scénario.


 

Ainsi, Sous l’aile des Ange est essentiellement constitué d’une succession d’élégants plans coulés au steadycam, servant à inscrire ses personnages au sein de leur environnement, dans un mouvement englobant, utile à mettre en scène une forme d’osmose, parfois rude, entre l’homme et la nature. Chaque mouvement d’appareil n’étant pas tant associé au point de vue des personnages, qu’à celui du lieu où ils se déplacent et dans lequel des moments de bonheurs et d’innocences côtoient la dureté du labeur paysan, la maladie et la mort ; l’ensemble donnant à la zone une allure de jardin d’Éden vénéneux.


 

Fort contraste du milieu accru par l’usage d’un noir et blanc cendré, renforçant l’aspect poétique et ascétique du film, le gardant de n’être qu’une banale reproduction historique. Aspect parachevé par l’usage de courtes focales et de cadres placés à auteur d’enfant, en contre-plongée, exacerbant les dimensions des sujets filmés et donnant un aspect baroque à l’œuvre.


 


 

Sourd à l’efficacité narrative, Sous l’aile des anges axe son récit autour de multiples temps morts utiles à suspendre le temps et à capturer une multitude de moments de vie dont l’authenticité saisissante (aussi dû à un travail conséquent des costumes et des accessoires) est magnifiée par l’ambiance sonore sylvestre, comme par une musique classique semblable à des cantiques. Thème religieux qui, comme celui de l’éducation, est particulièrement présent dans le film, dont l’un des objectifs semble consister à créer, à partir de cette jeunesse de Lincoln, un conte métaphorique atemporel, à la manière des histoires bibliques enseignées à son école. Ce qui, par instants, donne à l’œuvre des allures de manifeste traditionaliste qui pourra en faire jaser certains.


 


 

Mais se focaliser sur cet aspect conservateur ferait passer à côté du véritable enjeu au cœur du film : la difficile relation entre un père paysan et son fils, différent des autres par son attitude et par son intelligence. Relation complexe au travers de laquelle sont dévoilés les rapports de force et de dominations entre les individus, ainsi qu’une violence rentrée, mais palpable, accentués par le non-dit et mis en exergue par l’attitude des acteurs, rivalisant de naturel.
Lointain héritier de Vers sa destinée de John Ford, l’émotion n’est jamais négligée au sein de Sous l’aile des Anges, qui offre à voir un curieux, mais réussi, mélange de réalisme, de poésie, de foi religieuse et de thèmes universalistes, se plaçant ainsi comme le digne héritier du cinéma de Terrence Malick.

Hugo Dervisoglou
Jeune Cinéma en ligne directe

* Le film, sélectionné par le Sundance Festival 2014, a été présenté au Festival de Deauville 2014, puis au Festival de La Rochelle 2021. En France, c’est sa première sortie en salles.


Sous l’aile des anges (The Better Angels). Réal : A. J. Edwards ; ph : Matthew J. Lloyd ; mont : Alex Milan ; mus : Hanan Townshend. Int : Diane Kruger, Jason Clarke, Brit Marling, Wes Bentley, Braydon Denney, Cameron Mitchell Williams (USA, 2014, 95 mn).



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