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Femme du fossoyeur (la) (2021)
de Khadar Ahmed
publié le mercredi 27 avril 2022

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°415, mai 2022

Sélection officielle de la Semaine de la critique au Festival de Cannes 2021

Sortie le mercredi 27 avril 2022


 


"Je me suis souvenu de tous ces fossoyeurs que je croisais sur le chemin de l’école ; je ne m’étais jamais arrêté pour leur prêter attention, ni même demandé : qui sont-ils ? que font-ils là ? À partir de ce moment, il y a eu ce personnage - le fossoyeur - qui est venu à moi, et il n’a pas voulu me laisser tranquille depuis", déclare le réalisateur somalien Khadar Ayderus Ahmed. Jadis confronté au problème de la mort de son neveu, il tente de répondre à cette image qui le taraude depuis longtemps et qui lui fait se poser la question de sa place (et de la nôtre) sur la Terre et sur sa volonté de vivre.


 


 


 

Le film se situe dans une banlieue misérable de Djibouti.
Guled et Nasra (et leur jeune fils Mahad) forment un couple très amoureux. Ils traversent des moments difficiles car Nasra a besoin de toute urgence d’une opération coûteuse pour traiter une maladie rénale. La vie quotidienne est difficile dans ce pays très pauvre. Guled travaille dur comme fossoyeur. Et c’est sa vie, rude et âpre, qui va servir de fil conducteur et nous montrer les difficultés de ce métier sinistre, où il passe ses journées à attendre les morts devant les hôpitaux de la ville.


 

Pourtant, le film n’est ni larmoyant, ni accusateur. Il est au contraire plein de dignité, et la misère générale n’est pas exploitée d’une manière douteuse. Peut-être le choix de l’actrice principale aurait-il pu être différent : Yasmin Warsame, l’interprète de Nasra, en effet, est un mannequin au charme et à la beauté (trop ?) remarquables. Mais elle est également connue pour son travail humanitaire en Somalie et dans les régions avoisinantes, notamment dans l’aide aux migrants.


 

C’était un moyen pour le réalisateur d’éviter trop de misérabilisme, comme il s’en explique : "Il n’y a pas beaucoup d’acteurs professionnels somaliens, ni en Finlande ni ailleurs, alors je cours après les gens dans la rue. Et la manière dont j’ai trouvé Yasmin est assez curieuse. En 2013, elle était sur tous les murs d’Helsinki. En sorti du métro, j’e lai vue sur une immense affiche. Je savais qu’elle serait parfaite pour le rôle de Nasra. Elle a une beauté unique, si flexible que vous pouvez la faire ressembler à un homme âgé, ou à une jeune et très belle femme".

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°415, mai 2022


La Femme du fossoyeur (The Gravediggers’s Wife aka Guled & Nasra). Réal, sc : Khadar Ahmed ; ph : Arttu Paltomaa ; mont : Sebastian Thümler ; mu : Andre Matthias. Int : Omar Abdi, Yasmin Warsame, Kadar Abdoul-Aziz Ibrahim (Somalie-France-Allemagne-Finlande, 2021, 82 mn).



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