En France, c’est aujourd’hui la Fête des mères, dans 70% des pays de la planète, on la célèbre à des dates variables du mois de mai. Et, cette année, plus que jamais, on s’en fout, pour de nombreuses raisons.
Pain béni du gouvernement de Vichy qui l’a récupérée, pour appuyer sa devise "Travail, famille, patrie", la fête est devenue depuis longtemps, comme d’ailleurs toute fête capitaliste, une fête commerciale, avec, pour alibi, le traditionnel collier de nouilles fait autrefois par les enfants sans argent de poche. Ce minuscule hommage rendu par le patriarcat à la moitié du ciel qu’il exploite sans vergogne, a quelque chose de profondément cynique.
Il est surtout d’une hypocrisie sans nom, quand on constate, en faisant les comptes historiques, qu’il s’agit d’une célébration de la fabrique de chair à canon.
On pense au soldat probablement sans cause, Vadim Chichimarine, enfant de 21 ans, condamné à perpétuité pour crime de guerre.
On n’est pas sûr qu’il ait bien compris ce qui lui était arrivé, depuis son engagement volontaire pour être payé et nourri. Sa mère, elle, aura-t-elle compris ?
Ajoutons son absurdité dans la cuisante actualité américaine.
C’est en Virginie que l’idée a pris forme, vers 1905, chez Anna Jarvis, une militante pour la paix. Aux États-Unis, c’est le 2e dimanche du mois de mai qu’a lieu la Fête des mères, donc cette année, le dimanche 7 mai 2022. La tuerie de Uvalde (21 morts dont 19 enfants âgés de 7 à 10 ans) a eu lieu deux semaines plus tard, le 24 mai 2022, par un garçon, Salvador Ramos, qui était encore un enfant lui-même, fils, indigne ou malheureux, d’une mère mal fêtée ?
... Cleveland Elementary School, Stockton, Californie (7 janvier 1989) ; Westside Middle School, Jonesboro, Arkansas (24 mars 1998) ; Columbine, Colorado (20 avril 1999) ; Université Virginia Tech, Virginie (16 avril 2007) ; Roseburg, Oregon (1er octobre 2015) ; Parkland, Floride (14 février 2018) ; Santa Fe, Texas (18 mai 2018) ; Santa Clarita, Californie (14 novembre 2019) ; Oxford, Michigan (30 novembre 2021) ; Uvalde, Texas (24 mai 2022)...
Les massacres dans les écoles américaines sont évidemment devenus un fait social récurrent, qui ne peut en aucune manière être traité au cas par cas individuel d’une supposée folie, argument les supporters de la NRA, qui fêtent sûrement la Fête des mères dans la plus grande tradition.
On ajoutera que ces massacres sont parallèles à l’interdiction de l’avortement. "Le Texas, cet endroit où l’État protège les enfants, mais seulement avant leur naissance" comme disait un ami de Facebook.
Enfin, l’ultime argument contre cette fête d’une ambiguïté coupable apparaît lumineux, quand on considère que la planète est surpeuplée, et que la question démographique et son corollaire, les inégalités, sont des raisons majeures des catastrophes qui se profilent.
Tout de même, la plupart du temps et "en principe", on aime sa mère. Et on respecte, au moins dans la forme théorique, l’extraordinaire privilège qu’est la maternité.
Alors quand National Geographic nous ouvre les trésors de sa collection, on ne peut qu’admirer leur beauté.