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Le Havre (2011)
de Aki Kaurismäki
publié le vendredi 5 décembre 2014

par Gérard Camy
Jeune Cinéma n°338-339, juilllet 2011

Sélection officielle en compétition au Festival de Cannes 2011

Sortie le mercredi 21 décembre 2011


 


Aki Kaurismäki renoue avec la conscience sociale de ses premiers films et nous ravit une fois encore par son style inimitable, à la limite du burlesque décalé. Marcel Marx est un modeste cireur de chaussure installé sur les quais de la gare du Havre. Pauvre, marginal, faussement naïf et foncièrement honnête, il se satisfait de sa petite vie rangée : ses rares clients, l’apéritif au café du coin, les courses chez l’épicier et la boulangère qui lui font crédit, et son retour à l’heure du diner dans sa petite maison illuminée par Arletty, sa femme douce et aimante. Rien n’entame son moral toujours constant.


 


 


 

Un jeune Africain clandestin débarque soudain dans sa vie. Un moment perturbé, Marcel va le protéger et organiser sa fuite sous les yeux d’un commissaire finalement complice. 

Au même moment, Arletty tombe gravement malade et se retrouve à l’hôpital. Marcel est malheureux.


 


 

Marx, Arletty, ces noms nous plongent dans le cinéma du réalisme poétique des années 30 où la classe ouvrière tenait le haut du pavé. L’immigration clandestine nous ramène vers le 21e siècle. Quant au décor, il parait tout droit sorti d’un film des années 50, même si les voitures qui le traversent viennent plutôt des sixties. Cette apparente hétérogénéité fait toute la valeur de ce petit bijou délicat, bercé par une BO judicieuse dont le temps fort est le concert du chanteur revenant Roberto Piazza, leader du groupe de rock Little Bob Story, gloire nationale en son temps.


 


 

Le Havre est un conte moderne et pudique, gonflé de tendresse ironique, d’humanisme simple, d’espérance chaleureuse, de répliques délicieuses, et derrière la comédie, Aki Kaurismaki nous parle de réveil social, de solidarité nécessaire, de morale salutaire, d’injustice politique.
Les personnages s’intègrent parfaitement à l’univers du cinéaste et sont joliment interprétés par ses acteurs fétiches ou des comédiens qui ont su parfaitement incorporer la Kaurismaki’s touch. Jean-Pierre Darroussin en commissaire inquiétant, Jean-Pierre Léaud en délateur anonyme, Pierre Étaix en chirurgien bonhomme, entourent merveilleusement André Wilms et Kati Outinen qui forment un couple vraiment émouvant. Le bonheur est dans le film.

Gérard Camy
Jeune Cinéma n°338-339, juilllet 2011


Le Havre. Réal, sc : Aki Kaurismäki ; ph : Timo Salminen ; mont : Timo Linnasalo ; mu : The Renegades. Int : André Wilms, Kati Outinen, Jean-Pierre Darroussin, Blondin Miguel, Elina Salo, Évelyne Didi, François Monnié, Quoc Dung Nguyen, Roberto Piazza, Pierre Étaix, Jean-Pierre Léaud, Vincent Lebodo, Jérôme Boyer, Luce Vigo, Laïka (Finlande-France, 2011, 93 min.).



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