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Nuits de Mashhad (les) (2022)
de Ali Abbassi
publié le mercredi 13 juillet 2022

Sélection officielle en compétition du Festival de Cannes 2022.
Prix de la meilleure actrice pour Zar Amir-Ebrahimi

par Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma n°416, été 2022

Sortie le mercredi 13 juillet 2022


 


Dans la ville sainte de Mashhad, dans la nuit, on assiste aux dernières errances de femmes qui se maquillent pour affronter les passes cruelles de clients violents, qui les cueillent sur des itinéraires dédiés, et leur procurent de quoi payer leur drogue. En Iran, la prostitution n’est pas pénalisée, seulement hérétique et déshonorante.
Saeed, pieux maçon à la vie de famille respectable, a repéré 200 de ces dépravées qu’il s’est senti mission de liquider : il les embarque sur sa moto, les amène chez lui, les viole, les étrangle, elles résistent, ça saigne, ça salit le tapis, il en est à une quinzaine ...


 


 

Arrezo, une jeune journaliste combative, s’empare de l’affaire avec détermination, soutenue par Sharifi, le directeur du journal local qui reçoit par téléphone les revendications de l’étrangleur-justicier. Arezzo fait le travail de traque qui incombait à la police. Elle s’expose dangereusement, sous la protection artisanale de Sharifi, pour appâter le tueur. Elle remballe le commissaire qui attendait ses faveurs pour l’avoir tolérée lors de l’intervention tardive de la police qu’elle a rendue possible.


 


 

Saeed est arrêté, il plaide sa mission divine contre l’avis de son avocat. Chacun s’explique, sauf les pauvres prostituées très isolées. Le sage, c’est le juge, nuancé dans sa mission de service public, alors qu’il entend les manifestations réclamant la libération de l’accusé et les soutiens dont il bénéficie, y compris de sa femme et de son fils. On ne peut dévoiler le verdict, ni sa mise en œuvre, évidemment, mais un débat contradictoire a bien lieu.


 


 


 

Le film est inspiré de faits réels, l’assassinat par un fanatique d’une quinzaine de femmes à Mashhad en 2000, et le ministre de la Culture iranien a dénoncé cette sélection comme "un choix politique inamical, dévalorisant l’image de la société iranienne".


 

Tout en constatant que le parti pris intégriste et répressif est un peu trop attribué aux couches populaires dans le film, on peut, au contraire, apprécier positivement l’image d’une société tentant de dépasser ses contradictions sans les nier.

Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma n°416, été 2022


Les Nuits de Mashhad (Holy Spider). Réal : Ali Abbassi ; sc : A.A. & Afshin Kamran Bahrami ; ph : Nadim Carlsen ; mont : Olivia Neergaard-Holm & Hayedeh Safiyari ; mu : Martin Dirkov ; déc : Lina Nordqvist ; cost : Hanadi Khurma. Int : Zahra Amir Ebrahimi, Mehdi Bajestani, Arash Ashtiani, Sina Parvaneh, Forouzan Jamshidnejad, Nima Akbarpour, Alice Rahimi, M. Ali Nazarian, Sara Fazilat, Sima Seyed (France-Danemark-Allemagne-Suède, 2022, 116 mn).



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