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Soleil de trop près (le) (2022)
de Brieuc Carnaille
publié le mercredi 28 septembre 2022

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 417-418, octobre 2022

Sortie le mercredi 28 septembre 2022


 


Filmé en Scope par un cinéaste et auteur-compositeur du Nord de la France, ce premier film s’attaque à un sujet délicat (la maladie mentale) et s’en sort plutôt bien, aidé par le directeur de la photographie, George Lechaptois, et des acteurs comme Clément Roussier, et Marine Vacth, qui crève de plus en plus l’écran.


 

Depuis Family Life, réalisé par Ken Loach en 1971, qui a marqué les esprits par sa force et sa sobriété, on ne compte plus le nombre de films réalisés autour du thème de la folie et de la schizophrénie. Mais Brieuc Carnaille n’a pas la prétention de réaliser un film à grand spectacle, simplement de faire réfléchir sur la manière dont la société tente, par les médicaments, de permettre aux personnes atteintes de schizophrénie de s’insérer dans le monde privé et celui du travail.


 


 

Dans un Roubaix aussi bien filmé que celui de Arnaud Desplechin, Basile sort de l’hôpital et trouve asile chez sa sœur Sarah qui vit en couple et ne va pas tarder à avoir un enfant. Basile, pourtant suivi par un médecin, ne prend pas des médicaments assez dosés et continue à chavirer et délirer, si bien qu’ils ne peuvent pas le laisser sortir à sa guise. Le médecin, prévenu, augmente les doses de la camisole chimique et Basile s’en trouve bien mieux. Il rencontre une jeune fille qui a un enfant et va s’installer chez elle. Il trouve un travail comme prospecteur téléphonique et ses patrons sont très satisfaits de lui.


 


 


 

C’est peut-être là que le scénario pèche un peu, même si on comprend les intentions des scénaristes. Ce travail qui consiste en fait à arnaquer des personnes en les endettant représente tout ce qui est révoltant dans notre société à l’agonie. Mais les médicaments aident bien le patient à s’intégrer à fond. Jusqu’au jour où… Tout va en effet craquer et la fin du film peut paraître à la fois une facilité, mais aussi l’image de l’échec de la psychiatrie dans ce genre de maladie, puisque rares sont les malades à échapper à l’internement.


 


 


 

La mise en scène est très intéressante, même si les séquences sont quelquefois assez ordinaires, mais tout drame humain n’est-il pas inscrit dans une terrible banalité ? Quelques scènes de danse dans la rue de Clément Roussier, découvert dans une série et surtout dans Au bout du conte de Agnès Jaoui (2013), ne vont pas sans rappeler celle de Denis Lavant dans Mauvais sang de Leos Carax (1986).


 


 

Le film est d’ailleurs assez statique, seul le personnage de Basile est souvent en mouvement, tel un corps qui voudrait échapper à ses entraves, comme désirait le montrer Brieuc Carnaille : "À l’inverse des mouvements intérieurs amples de Basile, je souhaitais que la caméra soit posée, hormis dans certaines séquences, comme celles où Basile danse par exemple, qui sont improvisées. Ce sont des moments où ses élans de liberté s’expriment et viennent contraster avec le reste des cadres".


Le Soleil de trop près. Réal, sc : Brieuc Carnaille ; sc : Clément Roussier ; ph : Georges Lechaptois ; mont : Basile Belkhiri ; cost : Charlotte Lebourgeois . Int : Clément Roussier, Marina Vacht, Diane Rouxel, Hakim Faris, Léon Durieux (France, 2022, 90 mn).



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