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Armageddon Time (2021)
de James Gray
publié le mercredi 9 novembre 2022

par Patrick Saffar
Jeune Cinéma n°416, été 2022

Sélection officielle en compétition du Festival de Cannes 2022

Sortie le mercredi 9 novembre 2022


 


Venant après deux films ouvertement ambitieux - The Lost City of Z (2016), et Ad Astra (2019) -, Armageddon Time de James Gray pourra paraître une œuvre mineure, en raison de son évident filtre autobiographique : un garçon de 12 ans, issu d’une famille juive du Queens, voit sa vie bouleversée par son amitié avec une jeune Noire, aussi bien que par l’époque qui s’annonce, le tournant des années 80.


 

Mais c’est bien à travers le singulier que perce à nouveau l’universel, et que le film parvient à sonner juste, lorsque le réalisateur réussit à embrasser, d’un seul mouvement, les motifs les plus variés.


 

C’est ainsi l’âge des possibles, l’enfant rêve de devenir peintre et se heurte à l’hostilité de ses parents. C’est le rapport au père "défaillant", le substitut de l’autorité, en la figure du grand-père, savoureusement incarné par Anthony Hopkins.


 

C’est aussi le racisme, peut-être un peu expédié par le discours final du père, ou l’évolution de la société américaine, alors que le jeune garçon échoue dans une école privée au conseil d’administration de laquelle siège le père de Donald Trump.


 

On aurait pu craindre un film à thèse, mais Armageddon Time propose très discrètement quelques figures visuelles familières à son auteur. Par exemple l’usage des miroirs - qu’on se rappelle le dernier plan de The Lost City of Z, où le protagoniste disparaissait littéralement "à l’intérieur" d’un trumeau.


 

Ou bien ces scènes de seuil, de palier, comme espaces du choix (fût-il bouché) dont déjà Two Lovers (2008) proposait une version emblématique, et qui réapparaît ici dans ce plan d’une porte entrebâillée derrière laquelle les parents discutent de l’avenir de leur fils. Ce dernier saura s’en souvenir qui, à la fin du film, emprunte un chemin qui paraît bien être le sien.

Patrick Saffar
Jeune Cinéma n°416, été 2022



Armageddon Time. Réal, sc : James Gray ; ph : Darius Khondji ; mont : Scott Morris ; mu : Christopher Spelman ; déc : Happy Massee ; cost : Madeline Weeks. Int : Anne Hathaway, Anthony Hopkins, Jeremy Strong, Jessica Chastain Tovah Feldshuh John Diehl (USA, 2021, 114 min).



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