C’est l’histoire d’un couple palestinien. Salma, de nationalité israélienne, est née à Nazareth d’un père communiste. Tamer, lui, est déclaré né au Liban, fils d’un écrivain palestinien assassiné à Beyrouth. Ils se sont séparés et sont sans rancune mais leur projet de divorce, qui devrait se dérouler sereinement, se heurte à des formalités requérant des éclaircissements sur l’état civil de Tamer. Avant sa mère, son père aurait fréquenté une femme maintenant bien vieille, peut être mère d’un demi-frère, qui détiendrait la clef de cette filiation.

Et puis, surtout, ils résident chacun de part et d’autre de la ligne verte, traverser la frontière israélienne n’est pas une mince affaire, et leurs rendez-vous sont difficiles. Ils partent néanmoins à la recherche des témoignages de la vieille dame. Au long du voyage, ils se heurtent à la méfiance de certains Israéliens, mais d’autres aussi sont bien contents qu’ils les prennent en stop.

Le film est une espèce de road movie pas seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps. C’est ainsi qu’ils remontent dans le passé commun de leurs deux familles, et c’est alors que se révèlent à eux des secrets ignorés, jusqu’à cette histoire de centaines de bébés juifs yéménites volés et ramenés en Israël en 1948. On voit l’Histoire se dévoiler, à partir d’expériences individuelles apparemment cicatrisées, et le voyage se fait sans pathos.

À la fin du film, ayant enfin trouvé des documents utiles à leur divorce, ils attendent leur tour chez les gestionnaires d’état civil. Le tableau d’ordre égrène les numéros appelés : … 45, 46, 47, 48…
48, c’est leur numéro, une année charnière pour Israël, ils ne se lèvent pas, on se dit que le voyage les a réconciliés.

Najwa Najjar est née d’une mère palestinienne et d’un père jordanien, ses grands-parents ont été forcés de quitter la Palestine en 1948. Entre ciel et terre est son troisième long métrage (Prix du meilleur scénario au Festival du Caire 2019). Elle dit qu’on l’a empêché de connaître la Palestine et le monde arabe, et que chacun de ses films est une exploration et une découverte de cette histoire inextricable.

Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma en ligne directe

Entre ciel et terre (Between Heaven and Earth) aka Entre le paradis et la terre. Réal, sc : Najwa Najjar ; ph : Tómas Örn Tómasson ; mont : Amine Jaber & Elísabet Ronaldsdóttir ; mu : Tamer Karawan ; déc : Rafat Assad & Ruba Salama. Int : Mouna Hawa, Firas Nassar, Lamis Ammar, Tarik Kopty (Palestine, 2019, 73 mn).