Élève, au mitan des années 80, de l’école du Théâtre des Amandiers de Nanterre, Valeria Bruni Tedeschi poursuit, en tant que réalisatrice, son autobiographie plus ou moins imaginaire, sous la forme d’un autoportrait éclaté, diffracté en autant de jeunes pousses qui ambitionnent de rejoindre une troupe alors dirigée par le charismatique Patrice Chéreau.

Emportée par son sujet, et ses comédiens, au point de leur prêter l’hystérie, voire la folie, auxquelles on associe fréquemment la persona de Valeria Bruni Tedeschi, elle confère à ce collectif une énergie un peu forcée (du moins à l’écran, car nous ignorons tout des propres souvenirs de l’actrice) quitte à ne retenir de l’expérience new-yorkaise de l’Actors Studio qu’une série de gesticulations.

Car Les Amandiers s’avère moins un film sur l’art de l’acteur, dont il ne nous apprend finalement pas grand-chose, que sur la fougue de la jeunesse, son bel aujourd’hui dont la réalisatrice donne des images et des sons assez attendus - n’y avait-il rien d’autre à nous faire entendre que Daniel Balavoine ou les Rita Mitsouko ? - jusques et y compris leur envers tragique (la drogue, le Sida) qu’on a coutume d’associer aux années 80.

Les comédiens ne sont pas en cause - on en retiendra avant tout l’étonnant, car décalé, Sofiane Bennacer - mais peut-être les limites de l’imaginaire cinématographique de Valeria Bruni Tedeschi.

Patrick Saffar
Jeune Cinéma n°416, été 2022


Les Amandiers. Réal : Valeria Bruni Tedeschi ; sc, dial : V.B.T., Noémie Lvovsky, Agnès De Sacy & Caroline Deruas Peano ; ph : Julien Poupard ; mont : Anne Weil ; déc : Emmanuelle Duplay, cost : Caroline de Vivaise. Int : Nadia Tereszkiewicz, Sofiane Bennacer, Louis Garrel, Micha Lescot, Clara Bretheau, Noham Edje (France, 2022, 126 min).