par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n°360 été 2014
Sélection Semaine de la critique, Cannes 2014
"Peu d’États au monde autorisent la détention illimitée des demandeurs d’asile. Le Royaume- Uni est de ceux-là...."
Cette information, donnée par "Al Jazira" et transmise, sous forme de check list, par Le Monde, "quotidien du matin", à ses abonnés online, le 12 juin 2014, suffit à souligner l’importance de la présentation d’un film comme Hope de Boris Lojkine. Lorsqu’une des plus vieilles démocraties du monde considère les demandeurs d’asile comme des surnuméraires sans droit à l’habeas corpus, quid des clandestins ?
Boris Lojkine nous conte, avec un lyrisme plus vrai que le réel "documenté", la fin de l’odyssée d’un baby-couple issu de l’Afrique subsaharienne, lui une version camerounaise d’Aliocha Karamasov, elle une adolescente nigériane qui ne s’en laisse pas, justement, conter. Hope, c’est elle. En réalité, l’actrice s’appelle Endurance.
Ces oiseaux migrateurs (Bird people ?), Pamina et Tamino de la modernité, subissent toutes les épreuves, au milieu des maquereaux, faussaires, bad boys, chamans, sorciers, chefs de guerre et autres passeurs.
Ils surmontent tout, fors l’expérience de l’homicide.
La chef-opératrice, Elin Kirschfink (une fille de Jean Rouch ?) réalise un travail admirable, d’instinct et d’empathie.
Le film s’achève avant Les Lumières de l’Europe (titre du long métrage précédent de Lojkine-Kirschfink), dans le très étroit détroit de Gibraltar.
Il est encore loin le Cap de Bonne-Espérance ?
Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n°360 été 2014
Hope. Réal, sc : Boris Lojkine ; mu : David Bryant ; ph : Elin Kirschfink ; mont : Gilles Volta. Int : Justin Wang, Endurance Newton, Dieudonné Bertrand Balo’o (France, 2013, 91 min).