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Nos frangins (2022)
de Rachid Bouchareb
publié le mercredi 7 décembre 2022

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°416, été 2022

Sortie le mercredi 7 décembre 2022


 


Rachid Bouchareb avait marqué les esprits, à Cannes en 2006, avec son film Indigènes, (1) dont tous les acteurs masculins avaient reçu ensemble le prix d’interprétation. Le voici de nouveau au festival pour nous proposer un retour sur l’affaire Malik Oussekine, justement au moment où Disney+ consacre une série à cette bavure policière qui avait divisé la France dans les années 1980.


 

On se souvient que, dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, lors des grandes manifestations contre la loi d’orientation dite Devaquet, le jeune Malik Oussekine, qui ne participait pourtant pas au mouvement universitaire, avait été tué rue Monsieur-le-Prince par des commandos de policiers motocyclistes et matraqueurs.


 

Rachid Bouchareb arrive à rendre vivante cette période où François Mitterrand était président de la République, mais avait dû accepter la cohabitation avec Jacques Chirac, Premier ministre, et Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur. Il met l’affaire en parallèle avec une autre bavure, qui avait eu lieu à peu près en même temps, pour bien montrer les tiraillements de la police française et de ses hommes politiques.


 

En effet, un flic hors service avait abattu le jeune Abdel Benyahia, qui tentait d’arrêter une rixe en banlieue, et la police avait attendu trois jours avant de l’annoncer à la famille, afin de ne pas mettre de l’huile sur le feu, et ajouter au scandale du meurtre de Malik Oussekine, causé par le tandem Pasqua-Pandraud (alors ministre de la Sécurité).


 


 

En jouant à la fois sur des images d’archives et une belle reconstitution du Paris de ces années 80, le réalisateur parvient à nous émouvoir, en s’appuyant et sur des acteurs impeccables sans hausser le ton dans sa dénonciation : des faits, rien que des faits.
Après Indigènes et Hors-la-loi (2010), il clôt de belle façon sa trilogie sur les oubliés de l’intérieur.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°416, été 2022

1. Indigènes, de Rachid Bouchareb (2006) : Prix d’interprétation masculine attribué collectivement à Sami Bouajila, Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem, Bernard Blancan.


Nos frangins. Réal, sc : Rachid Bouchareb ; sc : Kaouther Adimi ; ph : Guillaume Deffontaines ; mont : Guerric Catala ; mu : Amin Bouhafa. Int : Adam Amara, Samir Guesmi, Reda Kateb, Lyna Khoudri, Raphaël Personnaz (France, 2022, 92 mn).



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