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Mourir à Ibiza (2022)
de Anton Balekdjian, Léo Couture & Mattéo Eustachon
publié le mercredi 7 décembre 2022

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°419, décembre 2022

Sortie le mercredi 7 décembre 2022


 


Les trois réalisateurs viennent de la même école de cinéma, la CinéFabrique de Lyon. Après avoir tourné, ensemble ou séparément, plusieurs courts métrages, ils ont eu ce projet un peu fou, étalé sur trois étés et trois lieux différents (Arles, Étretat et Ibiza), avec des amis et camarades pour la plupart non-professionnels.


 


 

D’abord il y a la lumière, celle d’Arles, car le film débute par l’arrivée de Lena à la gare de la ville. Elle est à la recherche de l’appartement que lui prête son ancien amoureux, qui doit la retrouver bientôt. Elle demande son chemin aux passants et, en quelques plans pendant lesquels on entend chanter les cigales, nous sommes déjà dans le film. Preuve de l’indéniable talent des réalisateurs, qui s’inscrivent dans la lignée de Éric Rohmer, côté Contes d’été (1996) ou Pauline à la plage (1983), avec un écart du côté de Christophe Honoré, à cause de la mélancolie diffuse et de la musique des chansons, écrites ou adaptées, de Léo Couture, qui font mouche dans des séquences chantées fort réussies.
Ensuite il y a l’amitié et l’amour qui se font et se défont, de façon infiniment tendre et parfois douloureuse, dans la peinture des relations homme-femme, de la recherche éternelle du bonheur par des jeunes adultes contemporains.


 

Les réalisateurs reconnaissent une forme d’autoportrait de groupe, dans lequel ils se définissent comme des jeunes hommes hétérosexuels, subissant une pression sociale absurde qui les fait agir bizarrement, ou violemment, affichant leur peur panique d’une tendresse dont ils ont pourtant désespérément envie, coincés qu’ils se sentent par Léna et les autres personnages féminins. Ils se débrouillent avec les rôles virils qu’on leur attribue, leur capacité (ou non) de faire face, mais les situations créées sont parfois gênantes, parfois drôles parfois redoutables.


 


 

Ce film en trois étés constitue aussi un hommage hétérosexuel aux Roseaux sauvages de André Téchiné (1994), de l’aveu même des réalisateurs. Cela tient aux jeux de l’amour et du hasard, mais aussi aux acteurs qui donnent le meilleur d’eux-mêmes, avec la grâce de la jeunesse. On espère pour eux qu’elle s’éternisera. Ils sont tous remarquables, Lucile Balézeaux, César Simonot, Mathis Sonzogni, Alex Caironi, Elsa Rapu, Tony Ribas Bonet. Et on accordera une mention très spéciale à Jag, qui apparaît dans le dernier volet à Ibiza et qui chante à merveille, à la manière de Nico.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°419, décembre 2022


Mourir à Ibiza (Un film en trois étés). Réal, sc : Anton Balekdjian, Léo Couture & Mattéo Eustachon ; ph : Mattéo Eustachon ; mont : Juliette Alexandre ; mu : Léo Couture. Int : Lucile Balézeaux, César Simonot, Mathis Sozogni, Alex Caironi, Elsa Rapu, Tony Ribas Bonet, Jag, Jonnie (France, 2022, 107 mn).



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