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Passagère (la) (2022)
de Héloïse Pelloquet
publié le mercredi 28 décembre 2022

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°419, décembre 2022

Sortie le mercredi 28 décembre 2022


 


Ses trois précédents courts métrages, Comme une grande (2015) L’Âge des sirènes (2016) et Côté cœur (2018) semblaient annoncer La Passagère, ce premier long métrage par son climat et son traitement réussis. Entièrement tourné dans le port de pêche de L’Herbaudière, dans l’île de Noirmoutier, ce film est un hommage à la nature et à la libération d’une femme. Dans ce monde assez rude, exclusivement masculin, de pêcheurs, l’arrivée d’une belle femme un peu décalée, interprétée par une sublime Cécile de France, va un peu modifier la donne.


 


 

Et c’est peut-être ici qu’intervient (un peu) le cahier des charges qui plombe maintenant le cinéma français : la description d’un milieu social et l’insertion dans le scénario de problèmes sociaux maintes fois débattus. Ici, l’histoire d’une femme d’une quarantaine d’années, une travailleuse, qui va vivre une histoire d’amour adultère avec un très jeune homme. Une femme moderne, plongée dans la vie active, et non le schéma classique d’une bourgeoise désœuvrée à la Emma Bovary, ou d’une femme au foyer adultère par ennui.
Mais il s’agit pourtant d’une belle réussite : Héloïse Pelloquet parvient à nous dresser un beau portrait de travailleuse qui va tomber sous le charme d’un garçon beaucoup plus jeune qu’elle. Avec un bémol : depuis le début, et dès sa rencontre, d’abord avec la mère, puis avec le jeune apprenti, on comprend comment va se dérouler le film.


 


 

Cela donne lieu à des scènes d’amour torrides entre cette femme mûre, encore très belle bien sûr, et ce jeune garçon qu’elle n’a pourtant pas apparemment déniaisé. Cela aurait pu choquer dans les années 60 et c’est devenu malheureusement prévisible maintenant, jusque dans les séries télévisuelles. "La dimension érotique et sensuelle est au cœur du film, déclare la réalisatrice. Je voulais que ces scènes soient très réalistes, qu’elles donnent à voir le désir de communion de deux corps, avec ses ratés et ses jouissances, et ce que ça peut avoir de joyeux. Il était important que ces scènes donnent une image juste, et non fantasmée, d’une sexualité féminine". Il n’en demeure pas moins que le film est magnifiquement interprété - outre Cécile de France - par Grégoire Monsaingeon, interprétant le mari, et Felix Lefebvre, dans le rôle du très jeune Maxence.


 


 

Remarquable aussi pour le scénario très travaillé de son scénariste habituel, Rémi Brachet. Il est à noter que Héloïse Pelloquet a laissé le soin du montage images à Clémence Diard alors qu’elle a par ailleurs une belle carrière de monteuse derrière elle, notamment Petite Solange de Axelle Ropert (2021) et À l’abordage de Guillaume Brac (2020). Même s’il ne renouvelle pas le genre, La Passagère est un film important et le le travail de Héloïse Pelloquet très prometteur.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°419, décembre 2022


La Passagère. Réal : Héloïse Pelloquet ; sc : H.P. & Rémi Brachet ; ph : Augustin Barbaroux ; mont : Clémence Diard ; mu : Maxence Dussère ; cost : Caroline Spieth. Int : Cécile de France, Grégoire Monsaingeon, Félix Lefebvre, Jean-Pierre Couton, Imane Laurence (France, 2022, 95 mn).



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