Le dernier film de Michale Boganim raconte l’histoire de deux femmes, une Libanaise et une Israélienne, qui se retrouvent au moment des guerres répétées entre Israël et le Liban de 1984 à 2006. Entre le sud du Liban et Haïfa, la ville de naissance de la réalisatrice, l’Histoire vient à la fois bouleverser et réunir les destins individuels de ces deux femmes que tout pourrait opposer, et que, finalement, tout réunit.

Conservant sa ligne de film documentaire, Michale Boganim tente ici, avec peu de moyens, de reconstruire les pans de l’histoire de ces deux pays complémentaires, mais ennemis.

Le tout donne un film magistral, tendre et cruel qui montre la guerre sous ses dehors absurdes et inévitables, sous les menaces des bombes, mais avec le courage des femmes. Ce n’est pas un film féministe, mais un film humaniste. La réussite tient à ce que Michale Boganim a pensé à tout ou presque. Par exemple, quant aux couleurs, elle les a choisies différentes, selon que ses personnages se trouvent en Israël ou au Liban. En outre, elle a privilégié des plans longs, ce qui a nécessité bien sûr un grand travail surtout pour un tournage de vingt-sept jours. Il a donc fallu préparer très en amont le scénario, le story-board avec les mouvements de caméra, les repérages et les répétitions.

L’interprétation est magnifique, notamment celle des deux actrices qui interprètent des rôles de femme déracinées, en errance. Zalfa Seurat, la fille du sociologue Michel Seurat, et Sarah Adler sont éblouissantes avec leur jeu sobre et solaire en même temps.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°420, février 2023

Tel Aviv-Beyrouth (Tel Aviv-Beirut). Réal, sc : Michale Boganim ; ph : Axel Schneppat ; mont : Anne Weil ; mu : Avishal Cohen. Int : Sofia Essaïdi, Sarah Adler, Zalfa Seurat, Shlomi Elkabetz (France-Allemagne-Chypre, 2021, 116 mn).