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Piège de Huda (le) (2021)
de Hany Abu-Assad
publié le mercredi 1er février 2023

par Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection au Red Sea International Festival 2021 et au Festival international du film de Toronto 2021

Sortie le mercredi 1er février 2023


 


À Bethléem, en Cisjordanie occupée, la vie quotidienne suit son cours. La Palestinienne Reem tient sa maison, elle reçoit ses beaux-parents, son bébé Lina dans les bras. Mais, sous les apparences de normalité, elle redoute son mari, Youssef (Jalal Masarwa), obsessionnellement possessif, inquisiteur et harceleur.


 


 

Toujours avec son bébé, elle va chez sa coiffeuse, Huda, avec qui elle parle en toute confiance, d’autant que celle-ci a été elle-même répudiée et privée de ses 3 fils.


 


 

Mais la scène entre les deux femmes, habituelle et pacifique, change soudain de ton. Huda verse un café drogué à sa cliente, qui se trouve mal et s’évanouit, et le salon de coiffure s’avère être un piège. Avec un comparse, elle récupère Reem inconsciente, et la photographie sur un lit avec un homme, tous deux nus.


 


 

Le film devient alors un thriller d’espionnage féministe haletant, qui se passe surtout en une sorte de huis clos, chez les "combattants de la liberté" palestiniens. Les séquences simultanées sont filmées en alternance, c’est un film local : des rues, une maison, des caves, un réservoir désaffecté oppressant, des décors standards.


 


 

Huda’s Salon montre ainsi que, dans un certain contexte, des individus, sans vocation particulière à l’engagement, peuvent se trouver contraints de faire des choix irréversibles, être poussés à un embrigadement dangereux et à la solitude de la clandestinité. Si le terme de "trahison" désigne mal pourtant ces situations dont les acteurs sont acculés à des missions qu’ils n’ont pas choisies, ils seront pourtant traités comme des traîtres.


 


 

Huda l’infidèle s’est trouvée obligée de devenir agente recruteuse des services secrets israéliens qui la font chanter, si elle avait été dénoncée, elle aurait risqué de se faire tuer par son mari.
Démasquée, elle est interrogée : Comment choisit-elle les femmes parmi ses clientes ? lui demande Hasan (Ali Suliman), tragiquement humain. Les plus évidentes sont celles dont le mari est un "connard", répond-elle. Mais elle refuse de livrer l’identité de ses victimes à son compatriote et se déclare seule responsable, prête à mourir.


 


 

Reem et Huda sont toutes deux prises dans le même étau patriarcal homogène, leur pays la Palestine et leur ennemi politique Israël. Leurs situations pourraient être interchangeables, face à l’ennemi commun de la misogynie. Hasan est assisté de résistants palestiniens brutaux, n’ajustant pas sans consigne les moyens d’inquisition et de sanction au degré de responsabilité des prisonniers.
Le film est inspiré de fait réels. Un salon de coiffure recrutait de jeunes Palestiniennes pour les services secrets israéliens en les mettant dans des situations compromettantes et en les faisant chanter. Hany Abu-Assad dit qu’il n’aurait jamais pu faire un documentaire de ce fait divers - personne n’aurait osé témoigner -, et que seule la fiction était possible, mais que cette fiction, il l’a tournée comme un documentaire, caméra à l’épaule (1).


 


 

Manal Awad (Huda) et Maisa Abd Elhadi (Reem) étaient déjà des artistes confirmées, mais le meilleur second rôle pourrait être attribué au bébé Lina, particulièrement disciplinée au cours du tournage.

Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Rapporté par Le Courrier international, partenaire de ce film, qui cite Arab News.


Le Piège de Huda (Huda’s Salon). Réal, sc : Hany Abu-Assad
ph : Ehab Assal & Peter Flinckenberg ; mont : Eyas Salman ; mu : Jeffrey van Rossum. Int : Maisa Abd Elhadi, Ali Suliman, Manal Awad, Jalal Masarwa, Omar Abu Amer, Samer Bisharat (Égypte-Pays-Bas-Territoires palestiniens occupés-Qatar, 2021, 91 mn).



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