par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe
Sortie le mercredi 15 février 2022
Le Marchand de sable est le premier long métrage de Steve Achiepo, qui impose à l’écran le beau visage charismatique de Moussa Mansaly, ancien rappeur, découvert au cinéma grâce à Patients de Grand Corps Malade et Mehdi Idir. (1) L’affiche impose aussi de grands noms du cinéma contemporain français tels que ceux de Aïssa Maïga, Ophélie Bau (révélée chez Abdellatif Kechiche) et Benoît Magimel. Toutes ces énergies se sont concentrées pour s’impliquer pour dénoncer les marchands de sommeil qui pullulent, et pas seulement en banlieue parisienne.
Djo, ancien délinquant marqué par la prison, vit à l’étroit dans sa nombreuse famille et se décide, par un concours de circonstances, à fournir des logements à des gens dans le besoin. Mais il tombera bien sûr dans le piège des magouilles et de l’argent facile, et on nous le montre comme un être qui se débat dans cette sorte d’enfer qu’il a finalement lui-même provoqué.
Le film est prometteur, rempli de fulgurances et d’étincelles, les images dues à Sébastien Goepfert sont parfois d’une sublime beauté. Filmé de manière naturaliste, il aurait pu être magnifique si le scénario, coécrit par le réalisateur lui-même et Romy Coccia di Ferro, avait été un peu plus surprenant. On est loin des grands films néoréalistes italiens qui dénonçaient eux aussi des drames sociaux.
Le Marchand de sable n’est qu’une demi-réussite, et c’est sans doute parce qu’il s’insère dans un cinéma français empêtré à la fois dans le star system et la bien-pensance, la mise en valeur des talents de comédiens trop souvent stéréotypés et l’idéalisation des causes humanitaires. Ébloui sans doute par le succès des séries, il se tourne de plus en plus vers le genre "téléfilm", alors qu’il aurait besoin de sortir de ce carcan, de cette ornière, alors qu’il a besoin d’air.
Si Steve Achiepo fait preuve d’ambition, s’il ne se contente pas de "défendre l’humain", s’il comprend que l’art doit aller au-delà de cette pure volonté et doit imposer à la fois un mode d’expression et un modèle de pensée, alors le jeune réalisateur pourrait faire son chemin.
Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe
1. Patients de Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade & Mehdi Idir (2017).
Le Marchand de sable. Réal : Steve Achiepo ; sc : S.A. & Romy Coccia Di Ferro ; ph : Sebastien Goepfert ; mont : Julie Léna ; mu : Amine Bouhafa ; déc : Ninon de la Hosseraye ; cost : Karine Charpentier. Int : Moussa Mansaly Aïssa Maïga, Ophélie Bau, Benoît Magimel, Mariama Gueye, Pol White (France, 2022, 106 mn).