home > Films > Chevalier noir (2022)
Chevalier noir (2022)
de Emad Aleebrahim-Dekhordi
publié le mercredi 22 février 2023

par Claudine Castel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 22 février 2023


 


Ce premier long métrage tourné en Iran a remporté l’Étoile d’or au Festival de Marrakech 2022. Emad Aleebrahim-Dekhordi - diplômé du Fresnoy - Studio national d’arts contemporains - vit en France. Chevalier Noir dessine un portrait de la jeunesse de Téhéran, une jeunesse empêchée, sacrifiée, qui l’a conduit à l’exil. Deux frères vivent dans le quartier de Shemroon chez leur père malade, aigri (Behzad Dorani, acteur de Abbas Kiarostami).


 


 

L’aîné, Iman fait une entrée fracassante - amplifiée par la bande son - dès la première scène. Il passe par le toit tel un chat pour rentrer dans la maison, provoquant une prise de bec avec son père. Il pense remédier à une vie sans perspective en fourguant de la drogue dans les soirées de la jeunesse friquée. Il incarne une fureur de vivre qui le projette dans une chevauchée à moto, une interminable, pétaradante descente nocturne, quand un oiseau de grande envergure entraîne sa chute. Iman s’accorde à la nuit, le dos tourné il regarde Téhéran - en vues panoramiques - scintiller dans la nuit, images d’une solitude désolée.


 


 

Le déclin de la bourgeoisie est perceptible. Il est question de manque d’argent, les deux frères veulent s’opposer à la vente d’un grand terrain arboré, héritage de leur mère disparue récemment. L’ami peintre toxicomane d’Iman vit dans une grande maison hypothéquée. À l’inverse, on entrevoit les lieux de vie des nantis.


 

Son frère cadet Payar compose avec la réalité, il fait de la boxe, veille sur son père. Il retrouve une amie d’enfance venue voir sa mère. Elle vit à Paris avec son petit garçon. Hanna "représentative de toute une génération de femmes en Iran est aussi mon pendant féminin".


 


 

Le chevalier noir est moins une incarnation de Iman que la représentation du fatum dont les signes sont la moto et le casque orné, fatum qui croise les parcours d’Iman et de Payar.


 

Emad Aleebrahim-Dekhordi s’est inspiré d’une histoire vécue par des amis dont la violence entrait en résonance avec le conte persan, Le Shânâmeh (1), qui abonde en récits de revanche et d’héritage. L’oiseau que revoit Iman halluciné est le Simorgh mythologique. Symbole de prospérité, il est ici de mauvais augure, ce qu’Iman est incapable d’interpréter.

Claudine Castel
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Le Shânâmeh (Le Livre des rois), écrit par Ferdowsi, retrace l’épopée des rois iraniens jusqu’à l’arrivée de l’Islam.


Chevalier noir (A tale of Shemroon). Réal, sc : Emad Aleebrahim-Dekhordi ; ph : Amin Jafari ; mont : Felix Rehm ; son : Vahid Moghadasi, Olivier Voisin & Romain Ozanne. Int : Iman Sayad Borhani, Payar Allahyari, Masoumeh Beygi, Behzad Dorani (France-Iran-Allemagne-Italie, 2022, 101 mn).



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts