Dans un petit village du Sud de la France, près de Montpellier, le même ou presque que celui dans lequel le réalisateur a grandi, deux jeunes gars, qui se connaissent depuis l’école primaire, vivent une romance un peu bancale. En effet, Mirales aime Dog d’une amitié dominatrice, juste parce que Dog est moins volubile que lui, moins présent, plus secret. Il l’aime un peu à la manière de son chien, qu’il domine aussi, et pour lequel il a tendrement composé une chanson style rap.

Sinon, le reste du temps dans ce village d’Occitanie se passe entre glandouille avec les copains sur la place les soirs d’été, à parler de tout et surtout de rien, et la musique du piano sur lequel joue une vieille dame, qui accompagne quelques plans et entre même dans la diégèse du film.

C’est dans cette déambulation tendre et paresseuse que se déroulerait ce film intimiste à la manière des Vitelloni de Federico Fellini (1953), sans l’arrivée impromptue d’une autostoppeuse, Elsa, dont Dog va tomber amoureux, déclenchant ainsi la colère et la jalousie de Mirales.

Le synopsis n’a rien de vraiment d’original, mais le premier long métrage de Jean-Baptiste Durand est une jolie réussite. Même si le film est le développement de son court métrage de 2014, sélectionné dans plusieurs festivals, Il venait de Roumanie, il est parvenu à tirer tout le sel d’une relation amicale et des amours naissantes.

En outre, le casting est parfait. Le lumineux Anthony Bajon, découvert dans La Prière de Cédric Kahn en 2018, et Galatea Bellugi qu’on a vue la même année dans L’Apparition de Xavier Giannoli, forment un duo complice, à la fois mutique et mélancolique, qui donne une belle dimension à leurs personnages.

Pour compléter le trio, c’est le hasard et le conseil de ses amis qui ont permis à Jean-Baptiste Durand de découvrir Raphaël Quenard, incarnation de Mirales, entre provocation, faconde et tendresse. "On m’avait parlé, déclare-t-il, d’un génie de l’improvisation, d’un garçon très drôle, mais comme il n’avait pas encore fait grand-chose, je n’avais aucune idée de ce qu’il pourrait donner avec un texte entre les mains. Je l’ai donc invité à passer le casting... Et ça a été une épiphanie !".

Pour le reste des acteurs, le cinéaste n’a pas voulu travailler à la manière du cinéma naturaliste, façon Abdellatif Kechiche ou Maurice Pialat : tous les acteurs du film sont des professionnels, y compris le simplet du village, interprété par le grand Bernard Blancan, peu utilisé au cinéma actuellement. Le tout baigne dans la lumière crépusculaire du Sud, sublimée par Benoit Jaoul, le directeur de la photographie.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Chien de la casse. Réal : Jean-Baptiste Durand ; sc : J.-B. D., Emma Benestan & Nicolas Fleureau ; ph : Benoît Jaoul ; mont : Perrine Bekaert ; mu : Delphine Malaussena & Hugo Rossi. Int : Raphaël Quenard, Anthony Bajon, Galatea Bellugi, Bernard Blancan (France, 2022, 93 mn).