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Riou, Alain (livre)
Instants critiques (2019)
publié le jeudi 21 avril 2022

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°399-400, février 2020

Alain Riou, Instants critiques, Paris, Hémisphères éditions, 2019.


 


Instants critiques s’apparente à l’écriture fragmentée d’un carnet intime. Celui d’un critique de cinéma ayant vécu passionnément son métier et tissé durant de longues années des amitiés, notamment avec Jean-Jacques Bernard à qui il dédie ce livre.
Outre ses nombreux écrits dans différents organes de presse, L’Aurore, Le Matin de Paris, Le Nouvel Observateur, Alain Riou fait également partie des voix polémistes dans les émissions "Le Masque et la Plume", "Rive droite-Rive gauche" et "Le Cercle".

Commencer son livre par l’humour acide de Ken Loach - "Les rapports du cinéaste et de la critique sont ceux du réverbère et du chien, le cinéaste jouant le rôle du réverbère" -, donne le ton. Le dédain de Ken Loach est assez injustifié, car le réalisateur a été très vite apprécié par la critique, par l’auteur et par Guy Teisseire, mis à l’écart par la direction de L’Aurore pour avoir vigoureusement défendu Family Life (1971).

Alain Riou, en une centaine de pages, se fait l’apôtre de la critique qui, en 2000, subit l’assaut des réalisateurs se disant maltraités par ses confrères. En reconnaissant les torts, les faiblesses et les manques de discernement ou d’ouverture, il replace son rôle primordial, en différents "billets d’humeur". Sans classification, ni hiérarchie, il développe une réflexion d’ordre général sur l’existence du cinéma, sa raison d’être et son avenir, saluant au passage les films qu’il nomme "sauvages" de Gérard Courant, Guillaume Brac, Joseph Morder, Luc Moullet, Frédéric Sojcher, et les films aujourd’hui classiques qu’il a découverts et défendus. P

armi ces réflexions, une figure s’impose, celle de François Truffaut qui, en inventant la catégorie des "grands films malades", autorise l’appréciation d’un film pour ses qualités en dépit de ses faiblesses évidentes.
Dans un chapitre abondant il se réjouit de la nécessité absolue des comédies et continue de déplorer l’attitude des décideurs méprisant le cinéma populaire.

Alain Riou émet quelques hypothèses sur les qualités essentielles et nécessaires aux bons films. Son récit, empli de petites réflexions à la fois aigres-douces et brillantes, dresse un portrait de la profession, celle qu’il a connue et avec qui il allait visionner les films dans les salles, avant Internet, les DVD, la Vod, Netflix, et il regrette, avec une certaine mélancolie, le temps des copains… Il propose de créer une "Dogma" des critiques, qui pourrait, entre autres, reprendre l’idée de Jean-Jacques Bernard de rendre public les débats des jurys de la presse dans les festivals.
Il se souvient de ses débuts quand il allait à la Cinémathèque de Henri Langlois, où, pour un franc (et un centime), il pouvait découvrir un film. La rue d’Ulm fut, pour lui comme pour beaucoup d’autres, sa plus belle caverne. Le passé de la cinéphilie avait son charme, celui de la critique aussi, le charme des vrais débats et des réelles amitiés.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°399-400, février 2020


Alain Riou, Instants critiques, Paris, Hémisphères éditions, coll. Ciné-Cinéma, 2019, 124 p.



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