home > Unes du site Jeune Cinéma > JC n°427-428, mars 2024

JC n°427-428, mars 2024

publié le mardi 12 mars 2024

JEUNE CINÉMA n°427-428, mars 2024


 

Couverture : Jasmine Trinca, Léa Todorov, Villerupt 2023 (FX photo).

Quatrième de couverture : Ciao i fratelli Taviani !
Vittorio (1929-2018) Paolo (1931-2024).

Abonnez-vous, réabonnez-vous !
La revue refuse la publicité et ne vit que grâce à ses abonnés.



 

ÉDITO JC n°427-428, mars 2024

 

Le 1er janvier 2024, Vincent Pinel (1937-2024) nous a quittés. L’annonce de son décès n’a guère secoué notre microcosme et nous n’en avons pas trouvé, dans les revues voisines, l’écho attendu. 1895, la revue de l’Association française de recherches sur l’histoire du cinéma, qu’il avait cofondée, lui rendra assurément hommage dans un prochain numéro. Il savait allier érudition et didactisme, et son Siècle du cinéma (Bordas, 1994) n’était pas seulement un beau, mais un grand livre. Quant à sa Filmographie des longs métrages sonores du cinéma français, elle est restée un usuel indispensable et on regrette qu’il ne l’ait pas prolongée au-delà de 1984. C’était un ami de la maison et Jeune Cinéma est fier d’avoir publié, entre l’automne 2017 (n°382-383) et février 2019 (n°392-393), ses dix articles sur "Les grandes et petites énigmes de l’histoire du cinéma muet", ainsi que "Mirages et miracles du numérique" (n°340, automne 2011).

René Chateau (1939-2024), semble-t-il, n’a pas laissé que des souvenirs sympathiques à ceux qui ont eu à négocier avec lui, et la longue période (1967-1985) où il fut le cornac de Jean-Paul Belmondo (1933-2021) n’est pas ce que l’on retiendra de ses multiples activités. Mais en lançant sa collection vidéo "La mémoire du cinéma français", qui rassemblait les bas morceaux de la production des premières décennies du parlant, dans des copies qu’il prenait soin de ne pas restaurer, il a fait le bonheur des amateurs de nanars et permis de constater combien les films de Maurice Cam (1901-1974), André Berthomieu (1903-1960), Maurice Cammage (1906-1946), Pierre Caron (1901-1971) ou René Pujol (1887-1942) étaient le plus souvent à la hauteur de leur triste réputation. Remercions-le d’avoir créé deux revues désormais rarissimes, à l’existence fugace, mais dont la lecture ne manquait pas d’intérêt, La Méthode (1960-1963) et L’Âge d’or (1964-1966). Né le 3 juillet 1939, il est mort le 14 février 2024.

On verra plus loin l’importance de Micheline Presle (1922-2024). Elle ne fut jamais, comme d’aucunes, "la grande dame du cinéma français", tourna avec le gratin des cinéastes mais aussi avec des inconnus, car toujours à l’affût des talents nouveaux. Et quelle autre actrice hexagonale peut se targuer d’avoir été choisie, au fil des ans, par Georg Wilhelm Pabst, Fritz Lang, Joseph Losey, Elio Petri et Sam Fuller ?

Paolo Taviani (1931-2024 a eu la délicatesse de décéder, à 92 ans, un 29 février, afin que l’on n’oublie pas la date. Il a rejoint son frère Vittorio Taviani (1929-2018), disparu il y a presque six ans. Dès Un homme à brûler (1964), la revue a suivi la trajectoire des frères, bien plus que celles de tous les autres cinéastes italiens, Ettore Scola (1931-2016) compris : une douzaine d’entretiens, six couvertures. Le site de Jeune Cinéma, dans son Journal du 1er mars 2024, a rendu un juste hommage au duo fraternel, le premier du genre.

Que dire des César 2024 ? Pas grand-chose, dans la mesure où rien ne fut surprenant : il était prévisible que l’intervention de Judith Godrèche serait juste - elle le fut, pleinement. Quant aux lauriers, ils furent distribués sans faillir aux films annoncés, Le Règne animal de Thomas Cailley et Anatomie d’une chute de Justine Triet, dont on salue le succès planétaire, même si l’on persiste à le trouver démesuré - nous y réfléchirons un jour. En revanche, le sacre de Raphaël Quenard (révélation masculine) nous réjouit - dans le n° 415 bis (mai 2022), nous l’avions élu acteur de l’année, en promettant de lui offrir bientôt l’hommage que cet inconnu méritait. Il est trop tard désormais pour le faire découvrir - encore un effet de notre procrastination. Souhaitons-lui de profiter de cette mise en lumière, avec précaution : huit films en moins de deux ans, qu’il se méfie, il y a de quoi entamer son capital.

Un bon point pour le palmarès : sur les trente-huit lauréats cités, dix-neuf noms féminins, sans qu’on puisse y déceler l’effet d’une parité contrainte, puisqu’il s’agissait d’un vote et non d’un quota imposé. Victoire du 50/50 ? Pas encore tout à fait, mais la voie est tracée, qui rend difficile tout retour en arrière. En même temps, le talent n’a jamais dépendu du genre, et nous nous souvenons d’avoir vu, au fil des ans, au Festival des films de femmes de Créteil, ni plus ni moins de chefs-d’œuvre et de mauvais films qu’ailleurs. Il y a autant de réalisatrices que de réalisateurs médiocres, aucun décret n’y fera rien.

Si nous ouvrons ce numéro par un entretien avec une cinéaste, ce n’est pas pour aller dans le sens du courant, mais parce que La Nouvelle Femme est un des premiers films les plus intéressants qu’on ait vu récemment. Faute de connaître les documentaires de Léa Todorov, elle n’était pour nous qu’un nom, celui de son père Tzvetan Todorov (1939-2017), et ses passionnants travaux littéraires ou sémiotiques. Son sujet, coup de projecteur sur les pratiques éducatives de Maria Montessori, n’avait a priori rien de très excitant. Qu’elle soit parvenue - aidée par ses remarquables actrices, Jasmine Trinca et Leïla Behkti - à lui donner chair d’aussi belle façon valait bien qu’on l’interroge.

Le printemps est presque là, ce qui signifie que notre prochain numéro, début mai 2024, fera le point sur les prémices du Festival de Cannes. Outre cette mise en appétit, il reviendra sur deux cinéastes aux initiales communes, B.B. Pas Bertrand Bonello, dont le récent La Bête vaut plutôt qu’on s’en écarte, mais deux véritables grands, Boris Barnet (1902-1965), auquel la Cinémathèque consacre en ce moment une rétrospective annoncée complète, et Busby Berkeley (1895-1976), dont une biographie époustouflante, L’Homme qui fixait des vertiges, due à Séverine Danflous & Pierre-Julien Marest, vient de paraître (Marest éditeur). L’auteur des plus beaux ballets de l’Histoire du cinéma n’a jamais connu de rétrospective ici, ce qui est honteux. Revoir sur grand écran les sublimes paillettes que sont Prologues et Chercheuses d’or (1933) ou Banana Split (1943) nous permettrait pourtant de supporter un monde réel décidément bien rugueux.

Lucien Logette



 

SOMMAIRE JC n°427-428, mars 2024

 

 
Entretien
 

* La Nouvelle Femme, par Gisèle Breteau Skira.

* Rencontre avec Léa Todorov, par Gisèle Breteau Skira.

 
Festivals
 

* Lyon Lumière 2023, par Philippe Roger & Lucien Logette.

* Villerupt 2023, par Francis Guermann.

* Rencontre avec Oreste Sacchelli, par Francis Guermann.

* Arras 2023, par Alain Souché.

* Héritage Paris 2023, par Nicole Gabriel.

 
Patrimoine
 

* Alzheimer Cinéma 1970 (Jancsó, Angelopoulos, Rocha, Taviani), par René Prédal.

* Hiroshi Inagaki. II. Jidai-geki de l’après-guerre, par Andrea Grunert.

* La trilogie d’Apu, par Nicole Gabriel.

* À propos de Vivre (1952 et 2022), par Jean-Michel Ropars.

* Purgatorio, épisode 7 : D’autres ruines, par Jean-Paul Combe & Vincent Heristchi.

 
DVD
 

* Glanures : de Sacha Guitry à Fredi Melchior Murer, par Philippe Roger.

* Chronique de l’hiver 2023-2024, par Jérôme Fabre.

* Le Roman d’un tricheur de Sacha Guitry, par Enrique Seknadje.

* Visage écrit de Daniel Schmid, par Nicolas Villodre.

 
Cinéma & Peinture
 

* René Magritte, le maître du mystère, par Lucien Logette.

* Le Titien, l’empire des couleurs, par Gisèle Breteau Skira.

 
Chercheurs & curieux
 

* Souvenirs sur Claude Autant-Lara, par Claude Gauteur.

 
Actualités
 

* Le Molière imaginaire, par Jean-Max Méjean.

* Quelques jours pas plus, par Gisèle Breteau Skira.

* Alice, par Nicole Gabriel.

* Los delicuentes, par Jean-Max Méjean.

* Nome, par Hugo Dervisoglou.

* Comme un fils, par Gisèle Breteau Skira.

* Le Pion du général, par Lilia Penot.

* Le Squelette de Madame Morales, par Nicole Gabriel.

* Inchallah un fils, par Jean-Max Méjean.

* Il fait nuit en Amérique, par Anne Vignaux-Laurent.

* Walk Up, par Hugo Dervisoglou.

* Madame Hofmann, par Nicole Gabriel.

* La Salle des profs, par Jean-Max Méjean.

 
Livres
 

* Jérôme d’Estais, Les Chambres noires de Paul Schrader, par Gisèle Breteau Skira.

* Daniel Serceau, Jean Renoir et la pensée des cinéastes, par René Prédal.

* Rosette, Éric (L’ami Rohmer), par Nicolas Villodre.

* Lectures hivernales, par Lucien Logette : Varda par Agnès, l’intégrale ; Jean-Pierre Berthomé, Le Décor de film ; Patrick Saffar, Boudu sauvé des eaux ; Éric Le Roy & Nicolas Tixier, éds., Francis Lacassin. Pour une contre-histoire du cinéma tome II ; Marcel Martin, "Le Bougiote". Journal d’Algérie  ; Axel Huyghe & Arnaud Chapuy, Multiciné. Boris Gourevitch, l’homme des complexes.

 
Divagations
 

* Péril en les demeures, par Nicolas Schmidt.

 
Nécrologie
 

* Micheline Presle, par Anne Vignaux-Laurent.

 
Humeurs
 

* Vive le cinéma ! par Bernard Chardère.



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts