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Noémie dit oui (2021)
de Geneviève Albert
publié le mercredi 26 avril 2023

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection du Festival du film francophone d’Angoulême 2022

Sortie le mercredi 26 avril 2023


 


Les Québécois savent faire du bon cinéma, avec ou sans accent, et Geneviève Albert nous le prouve encore une fois. D’abord documentariste, avec un presque long métrage de 58 mn, sur un homme de théâtre, Paul Hébert, le rêveur acharné (2007), qui lance, à Montréal, la 25e édition du Festival international du film sur l’art 2007, la cinéaste réalise en 2008, un premier court de fiction, Reviens-tu ce soir ?, qui voyage dans les festivals en y glanant des prix. Après plusieurs autres courts métrages (1), elle écrit le scénario de Noémie dit oui, en 2014, qu’elle ne réalise qu’en 2021. C’est son premier long métrage de fiction.


 

Le cinéma québécois est un cinéma qui n’a pas froid aux yeux, ne se laisse pas intimider et dit ce qu’il faut dire, sans langue de bois. Ici, la réalisatrice attaque frontalement les problèmes de la société, mais d’une manière moins elliptique et bien-pensante qu’en France. Certes les films de ce style ne manquent pas, mais Noémie dit oui frappe par sa fraîcheur, sa violence maîtrisée et son franc-parler.


 

Noémie, une adolescente impétueuse de 15 ans, vit dans un centre de jeunesse depuis trois ans. Lorsqu’elle perd tout espoir d’être reprise par sa mère, elle fugue, en quête de repères et de liberté. Elle rejoint son amie Léa, qui l’introduit dans une bande de délinquants. Elle va tomber amoureuse du flamboyant Zach qui va l’inciter à se prostituer. D’abord récalcitrante, Noémie dit oui.


 


 

Le Zach en question n’est pas vraiment un proxénète, il se conduit ainsi car la société dominée par le web le lui permet facilement. Le film montre un monde qui court à sa perte, par l’abandon des repères et des limites, tout désormais pouvant être ou vendu ou saccagé. C’est tout l’art de la réalisatrice de nous faire comprendre, sans bien sûr l’admettre, pourquoi finalement Noémie consent à vendre son corps : par amour, par défi, par provocation ? On ne le saura pas vraiment, mais on connaîtra à travers elle ce qu’est la souffrance, qu’elle soit d’amour, de classe sociale ou de solitude.


 


 

Ce film est une tragique peinture de la jeunesse présente, de ses espoirs et de ses renoncements. Une peinture aussi de la famille, de la justice et des institutions qui tentent de sauver ces adolescents qu’elles voient s’enfoncer dans la drogue et la prostitution. Oui, notre monde néolibéral est vraiment malade. Noémie dit oui nous en tend un énième miroir, saurons-nous nous y reconnaître ?

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

1. La Traversée du salon (2011) ; Pancakes & Kisses (2014) ; Érotisse (2015) ; La Magie de Casse Noisette (2017) ; Opération Père Noël (2019).
Et deux très courts métrages de 3 minutes : Entre mon nom et ton film. Hommage à Michel Brault (2014) et un hommage à Gilles Carle, La Vie heureuse de Gilles Z (2013).


Noémie dit oui. Réal, sc : Geneviève Albert ; ph : Léna Mill-Reuillard ; mont : Amélie Labrèche ; mu : Frannie Holder ; déc : Renée Sawtelle Int : Kelly Depeault, James-Edward Métayer, Emi Chicoine, Maxime Gibeault (Canada, 2021, 116 mn).



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